Intervention de Michel Piron

Séance en hémicycle du 14 janvier 2014 à 15h00
Accès au logement et urbanisme rénové — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission, madame et monsieur les rapporteurs, mes chers collègues, chaque mois qui passe nous éloigne un peu plus de la promesse présidentielle de construire 500 000 logements par an. À l’heure où nous entamons l’examen en seconde lecture du projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, nous savons que le nombre de constructions neuves sera d’environ 330 000 unités en 2013, soit 170 000 logements de moins que l’objectif présidentiel. C’est donc une deuxième année négative qui s’achève pour le monde du logement et de la construction, qui continue de s’enfoncer dans une crise dont on perçoit mal l’issue. Ces chiffres, vous semblez presque les relativiser, madame la ministre. Vous expliquez que le secteur a bien résisté à la crise et rappelez que la moyenne des vingt dernières années est de 346 000 logements par an.

Certes, mais vous oubliez de préciser qu’au cours des dix dernières années, dont certains parmi nous, sur certains bancs, peuvent se sentir responsables, 395 000 logements en moyenne ont été construits par an, soit presque 20 % de plus que le chiffre actuel. Maintenez-vous donc l’objectif de 2,5 millions de logements au cours du quinquennat, madame la ministre, alors même que le repli de la construction de logements neufs s’est encore accentué à l’automne sans espoir de redressement à court terme ? Il faudrait pour ce faire que le nombre de constructions neuves s’élève à plus de 620 000 logements par an au cours des trois prochaines années, afin de respecter la promesse précitée. Vous le savez tout comme nous, ce ne sera pas possible.

C’est d’autant plus inquiétant que les spécialistes s’accordent à évaluer la pénurie à 800 000 logements. C’est dire l’ampleur du retard que nous sommes en train d’accumuler. Ces chiffres alarmants recouvrent autant de familles qui subissent quotidiennement le mal logement et rencontrent toujours plus de difficultés pour trouver un foyer décent à un prix abordable. Je pense naturellement aux secteurs les plus tendus tels l’Île-de-France. Vous le savez, la crise du logement contraint le pouvoir d’achat des Français, leur mobilité professionnelle, l’épanouissement de leurs enfants, leur bien-être et leur santé. Il s’agit pourtant d’un levier majeur en termes de sécurisation des familles et de lutte contre l’exclusion ; d’un véritable enjeu de société, a fortiori dans le contexte actuel.

Le groupe UDI n’a eu de cesse de rappeler que la priorité consiste à accroître substantiellement l’offre de logement grâce à la mobilisation de tous les leviers dont dispose la puissance publique. Cela passe par la fiscalité, en particulier la baisse des charges pesant sur le secteur de la construction et de la rénovation. Cela passe aussi par la disponibilité foncière, en cessant de confondre foncier constructible et foncier disponible et en menant une véritable politique visant à dissuader la rétention des biens. Cela passe aussi par une réforme de la gouvernance de notre politique du logement et des stratégies élaborées au niveau régional. Dans le domaine du logement comme dans beaucoup d’autres, nous payons aussi le prix fort, selon moi, de notre exception française centralisatrice.

C’est en raison de l’extrême centralisation qu’il est incroyablement compliqué voire impossible de simplifier dans un pays comme le nôtre. Lors de nos précédents échanges, j’avais appelé votre attention, madame la ministre, sur l’irrésistible tendance de l’administration centrale à l’inflation normative, parfois assimilable à de véritables délires de la raison. Certes, c’est l’oeuvre de spécialistes. Mais je ne puis m’empêcher de penser, tel Bernard Shaw et stimulé par l’intervention de M. Goldberg, que « le spécialiste est celui qui, sachant de plus en plus de choses sur de moins en moins de choses, finit par savoir tout sur rien » !

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