Je suis perplexe. Conscient de la richesse que représentent pour le développement culturel et économique ou la création artistique dans nos régions les langues régionales dont la République, malgré les dragonnades, n'a pu empêcher le développement en Corse, en Bretagne, au Pays basque ou en Alsace, je n'en suis pas moins un héritier des jacobins, qui ont toujours défendu le français comme langue de la République. Je sais aussi que, si les girondins chantaient en français sur la charrette qui les conduisait en 1794 à la guillotine, les soldats de 14-18 recevaient leurs ordres en français mais mourraient en parlant breton ou corse, ce qui justifie en soi la défense des langues régionales.
Dans mon groupe, siège le président du conseil régional de la Corse, qui nous a démontré qu'il fallait soutenir ce texte. Je le soutiendrai donc par amitié pour mes amis corses, non sans avoir livré les observations suivantes :
Les langues régionales ne doivent pas compromettre nos efforts – encore insuffisants – en faveur du développement de la francophonie, sachant qu'en 2050, 80 % des locuteurs parlant le français dans le monde ne seront pas français.
Concernant la forme ensuite, j'ai du mal à comprendre pourquoi on nous soumet une proposition de loi, à moins qu'il ne s'agisse que d'un texte d'appel. Il est clair en effet que passer par le référendum est la meilleure façon de tuer les langues régionales, puisqu'il n'existe actuellement en France aucune majorité référendaire. Étudions donc, avec le Gouvernement, un texte sur lequel il sera possible d'obtenir la majorité des trois cinquièmes au Parlement, car il ne me semble pas que l'opposition y soit hostile. Quoi qu'il en soit, malgré mes préventions jacobines et mon amour pour l'Incorruptible, je voterai ce texte.