Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, depuis les premières batailles du peuple français pour ses droits et sa liberté, la question de l’égalité entre les femmes et les hommes se pose. Malgré les avancées majeures de ces dernières décennies, la conquête de l’égalité réelle entre femmes et hommes est loin d’être achevée. Il s’agit pourtant bien d’un sujet qu’il nous faut ériger en priorité. La remise en cause des droits des femmes constitue un véritable fléau, empêchant l’épanouissement de notre société et mettant sérieusement en danger la liberté des femmes. Récemment, un terrible écho à ces inégalités vient de retentir en Espagne où est actuellement discuté un projet de loi qui prévoit de restreindre fortement les conditions de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.
Ainsi, oui, le chemin est encore long pour acquérir l’égalité des sexes, en Europe et en France. Face aux formes de résistance encore tenaces à cet accomplissement, il est de notre responsabilité à tous de nous mobiliser pour éveiller notre société à la nécessité d’installer une égalité réelle et irrévocable entre les femmes et les hommes.
François Hollande a affirmé avec détermination son engagement au service de l’égalité. Cette ambition s’est immédiatement concrétisée par la création d’un ministère des droits des femmes de plein exercice. Nous pouvons être fiers de l’énergie que Mme la ministre a déployée dans cette grande mission ; il en découle un projet de loi qui aborde pour la première fois la question dans toutes ses dimensions.
Au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, nous nous sommes intéressés à la question de l’égalité dans trois domaines : les médias, la culture et le sport.
En tant qu’acteur de la construction des représentations sociétales, le secteur audiovisuel doit prendre part à ce combat nécessaire pour l’égalité. En effet, véritable organe de socialisation, les médias ne sont pas seulement des instances de présentation d’une société : ils participent pleinement au discours que la société produit sur elle-même et à la formation de ses représentations, les programmes étant vecteurs d’insidieux stéréotypes sexués. En 2006, une enquête révélait l’anonymat des femmes dans les médias : une femme citée sur six était anonyme, contre un homme sur trente-trois. De la même façon, l’expertise des femmes est négligée par les médias qui ne font intervenir que 20 % d’expertes. Au regard de ces constats, nous devons tous faire preuve de vigilance pour lutter contre ces représentations. C’est en ce sens que l’article 16 renforce les compétences du CSA en le chargeant de lutter contre les stéréotypes sexistes.
Se voulant ouverte à la diversité et éclairée sur la société, la culture doit se saisir totalement de l’objectif d’égalité des sexes. Là où ailleurs, l’argument de la compétence est avancé pour légitimer la présence des hommes, le milieu culturel répond par la notion de talent, seul élément qui justifierait le choix des acteurs des projets culturels. J’ignore alors sur quel fondement repose l’idée que le talent serait exclusivement réservé aux hommes ! Ainsi, dans le secteur culturel, la direction comme la production sont toujours monopolisées par les hommes. En réponse à cette inégalité, l’action volontariste de la ministre de la culture s’est traduite par la création de l’Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication, démarche qu’il nous faut absolument pérenniser en faisant figurer cette structure dans la loi.
Dans le sport également, le sexisme est particulièrement criant. Le monde du sport est une instance de construction des représentations qui jouit d’une influence puissante en termes de transmission de valeurs identifiées comme universelles et inaliénables. En tant que créateur de cohésion sociale, il a le devoir de prendre part au combat pour l’égalité des sexes.
Au service de cette mission, les fédérations sportives doivent se positionner. En diffusant une représentation égalitaire des femmes et des hommes, elles peuvent avoir un impact fort sur la féminisation de la pratique sportive. Pourtant, seules 11 fédérations sportives sur 117 sont dirigées par des femmes et 5 % seulement des directeurs techniques nationaux sont des femmes. S’ajoute à ces statistiques une aberrante justification : les femmes seraient absentes, incompétentes ou réticentes à occuper de telles responsabilités. Reconnaissons simplement que cet univers sportif dominé par les hommes ne laisse que très peu de place aux femmes.
Le projet de loi proposait dans sa version initiale un objectif de parité dans les instances dirigeantes des fédérations sportives. De mon point de vue, il est regrettable que le Sénat ait souhaité réduire cet objectif à un quota de 40 % : un retour à la parité me paraît nécessaire.