Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, « Mais qu’est-ce qu’elles veulent encore ? Faut-il vraiment légiférer à nouveau « pour l’égalité entre les femmes et les hommes » ? N n’y a-t-il pas des sujets plus urgents à discuter au Parlement ?
Ces questions, nous les entendons et, bien sûr, les Françaises ne sont pas les plus mal loties. Certes, l’après-guerre a vu s’accélerer, certes tardive, des femmes aux droits fondamentaux dans notre pays : droit de vote, droit d’exercer un métier et d’ouvrir un compte en banque seule, exercice partagé de l’autorité parentale, droit à disposer de leur corps par l’accès à la contraception et à l’IVG, droit à l’égalité professionnelle, parité en politique, garantie par la Constitution de droits égaux dans tous les domaines.
Alors qu’est-ce que nous voulons encore ? Passer de l’égalité en droit à l’égalité réelle, effective, visible, et pour cela, madame la ministre, il faut changer de rythme. Car, au rythme actuel, cette assemblée sera paritaire dans quinze ans ; au rythme actuel, l’égalité des salaires sera effective dans 100 ans ; au rythme actuel, la répartition des tâches au sein du couple sera équilibrée dans 900 ans… On accordera à la présidente de la délégation aux droits des femmes celui de manifester un peu d’impatience !
L’égalité effective entre les femmes et les hommes suppose le déploiement concomitant de politiques signalant clairement que les inégalités constituent un phénomène social unique dont les différentes composantes entretiennent des liens complexes et se nourrissent mutuellement, formant un cercle vicieux d’inégalités : salaires moindres et carrières heurtées, famille monoparentale et pauvreté, temps partiel et petites retraites, plafond de verre et plancher collant. La nécessité d’une approche globale et intégrée, voilà ce qu’a compris ce gouvernement !
La création d’un ministère aux droits des femmes de plein exercice, celle du Haut conseil à l’égalité, la nomination de hauts fonctionnaires dans chaque ministère et l’annonce en début d’année par M. le Premier ministre d’un programme pluriannuel prouvent l’ambition nourrie par le Gouvernement d’engager notre pays dans la troisième génération des droits des femmes, celle de l’effectivité des droits. Vous marquerez de votre empreinte, madame la ministre, le long combat pour l’égalité !