Intervention de Bruno Le Roux

Séance en hémicycle du 21 janvier 2014 à 21h30
Égalité entre les femmes et les hommes — Article 5 c

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Il est bon d’entendre vos paroles, madame Ameline, au moment où se tient un débat que nous pensions ne pas avoir dans cet hémicycle. Je voudrais dire que, comme beaucoup ici, j’ai eu non pas à connaître cette situation, mais à l’accompagner. Lorsque j’étais surveillant dans un lycée professionnel pour payer mes études, j’ai dû accompagner des lycéennes qui ont connu cette situation. Ensuite, en tant qu’étudiant, en tant qu’homme avec des amies, à d’autres titres aussi, je n’ai jamais cherché à mesurer le degré de détresse dans le soutien que j’apportais, dans les conseils que je pouvais donner, dans les rencontres que j’organisais, dans les rendez-vous que je pouvais aider à obtenir.

Jamais je n’ai cherché à mesurer le degré de détresse, parce que jamais je n’ai pensé que je faisais face à une situation facile, parce que jamais il n’y a eu de fous rires dans ces moments-là, parce que jamais je n’ai eu à accompagner un acte que j’estimais déplacé. À chaque fois, j’ai estimé participer à un acte de liberté : liberté de choisir, liberté de disposer de son corps, liberté d’organiser sa vie, liberté de juger si le moment est venu d’avoir un enfant. Cela, je l’ai pensé quand j’ai eu à gérer pour la première fois cette lycéenne qui était dans le bureau des surveillants, en pleurs : était-ce de la détresse ? Non, c’était sa vie qu’elle n’avait pas voulu organiser comme cela, et c’était sûrement quelque chose qui avait failli dans le soutien que nous lui avions apporté auparavant, dans les conseils, voire les cours, dont elle avait pu bénéficier.

Dans ces situations, je n’ai jamais cherché à mesurer le degré de détresse : c’est pourquoi je ne comprends pas que l’on puisse aujourd’hui s’accrocher à cette notion. Mais, même dans cette hypothèse, il n’est pas acceptable que l’exposé sommaire de l’un des amendements de suppression parle de « responsabiliser » cette démarche. Je pense comme vous que cette démarche est aujourd’hui faite en toute responsabilité et qu’il est de notre devoir d’accompagner cette responsabilité. Je ne peux pas laisser penser que nous devrions, comme il est écrit dans un exposé sommaire, mettre la volonté de la femme sous contrainte : non, je ne suis pas pour que l’on mette la volonté de la femme sous contrainte, comme si elle n’était pas en capacité d’exercer cette responsabilité que nous lui avons accordée, que nous devons lui accorder.

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