Intervention de Aurélie Filippetti

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 15h00
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Présentation

Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication :

Il y va de la cohérence de notre action, mais aussi de la crédibilité de notre discours à l’extérieur. Comment soutenir les positions du français dans les autres pays, comment prôner la diversité des langues et des cultures à l’échelle internationale si l’on se refuse à la reconnaître chez soi ?

Alors même que nous avons en France le patrimoine linguistique le plus riche d’Europe et que l’objectif de préservation et de protection des langues régionales, en tant que partie intégrante du patrimoine national, est de valeur constitutionnelle depuis la réforme de 2008 et l’introduction dans la Constitution de l’article 75-1 en vertu duquel « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », ne pas exclure les langues de France de notre discours sur la diversité répond aussi à une motivation plus profonde qui touche à quelques-uns des fondements théoriques de notre action. Dans la reconnaissance des langues de France, il y a la fidélité au principe républicain qui fonde la citoyenneté sur le partage de valeurs politiques, quelle que soit la langue qui exprime ces valeurs. Les droits de l’homme sont universels. L’égalité, à laquelle nous sommes profondément attachés, ne consiste pas à nier la différence de l’autre, mais au contraire, à reconnaître l’autre dans sa différence, au sein d’une même communauté citoyenne.

Il va de soi que c’est un avantage pratique d’avoir une langue commune, et le lien de la langue française fonde un sentiment très fort d’appartenance à une même nation, mais ce qui nous unit et nous rassemble, c’est aussi l’adhésion aux droits de l’homme, à la laïcité, au pluralisme, qui sont des valeurs éminemment politiques. C’est en français qu’a été proclamée la Déclaration des droits de l’homme, mais c’est en occitan qu’a été créé le personnage de Marianne, symbole de la République, en 1792.

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