Selon nos estimations, les Séléka représentent, sur l'ensemble du territoire centrafricain, environ 5 000 combattants armés ; ils sont soudanais, tchadiens et centrafricains.
La présence de commerçants tchadiens en Centrafrique est ancienne ; ce sont eux qui, le plus souvent, sont victimes des pillages. Par ailleurs, certains Tchadiens, qui sont loin d'être proches de M. Déby, appartiennent à la Séléka. Il y a enfin le contingent des forces régulières tchadiennes envoyé par le Président Déby. Tous ces hommes se connaissent, et ont même, parfois, des liens de parenté.
Les Séléka comptent aussi un bon nombre de mercenaires. Ils sont dotés d'un conseil, mais il est peu structuré ; certains responsables, dont les noms nous sont connus, dirigent des groupes de 200 à 300 personnes. Quelques-uns de ces groupes ont déjà regagné le Soudan ; d'autres, sont toujours sur place.
Quant aux sélékistes tchadiens ayant participé au coup d'État qui avait installé le Président Djotodia au pouvoir, ils ont désormais perdu de leur influence ; mais ils ont toujours des représentants au sein du CNT et une capacité de contrôle des milices. Géographiquement, ils sont essentiellement présents à Birao et Ndélé, dans le Nord-Est.
Les Séléka sont mieux armés que les anti-balaka ; ces armes proviennent essentiellement de trafics et du pillage des FACA. Les Séléka ont soutenu le Président Djotodia, et ont commis de nombreuses exactions. Le but est désormais de les cantonner, ce qui est chose faite, puis de les désarmer, ce qui ne l'est pas encore. La ligne suivie est celle du « DDR » : désarmement, démobilisation, réintégration. Elle ne pourra toutefois être menée à bien qu'avec une reconversion des sélékistes – sur ce point, le problème est proche de celui qui se pose au Mali.
Aucun lien n'existe avec les terroristes djihadistes à ce jour, mais le prosélytisme islamiste, la proximité de Boko Haram et des Chebab dans la corne d'Afrique font peser des risques réels ; reste qu'aucune solution politique ne pourra émerger, je le répète, sans la reconversion des sélékistes centrafricains.
Les anti-balaka restent plus désorganisés, bien que certains, y compris dans la famille Bozizé, se soient employés à y remédier.
Le bon schéma serait l'élection d'un Président qui ne serait ni mêlé aux événements passés, ni candidat aux prochaines élections – en application des accords de Libreville et de Ndjamena 1 et 2 –, des candidatures se sont déjà manifestées. La Cour constitutionnelle a validé la démission de M. Djotodia hier matin ; désormais, c'est M. Nguendet qui doit assurer la transition.