Pour compléter le propos de M. Itty sur l'exportation, je tiens à préciser que nous nous sommes penchés sur le cas particulier du marché de l'art, pour lequel la notion même d'exportation est porteuse d'ambiguïté. La France est appelée « le grenier du monde » : cela signifie qu'elle exporte beaucoup plus d'oeuvres et d'objets d'art qu'elle n'en importe, ce qui n'est pas une bonne nouvelle, car elle exporte une matière essentiellement patrimoniale qui sert à alimenter des ventes réalisées à Londres et à New York par les grandes maisons d'enchères et les grandes galeries internationales. Ce phénomène confirme l'érosion de la place de Paris, qui ne pèse plus que 6 % du marché de l'art mondial – voire 4 % du marché de l'art contemporain.
Par ailleurs, selon des chiffres encore provisoires mais qui feront l'objet d'une publication du Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la culture et de la communication, en 2010, les collectivités territoriales ont dépensé quelque 7,6 milliards d'euros pour la culture. La tentation est de comparer ce chiffre aux 13,9 milliards de dépenses de l'État, ce qui ne serait pas sans poser des problèmes d'ordre méthodologique. Il faut tout d'abord rappeler que l'État recourt, pour 1,5 milliard, à des dispositions fiscales – ce que ne peuvent faire qu'à la marge les collectivités territoriales – et qu'à elle seule la redevance audiovisuelle pèse pour 3,2 milliards d'euros. Les périmètres ne sont donc pas les mêmes. De plus, les nomenclatures comptables des communes, des départements et des régions ne permettent guère de disséquer les dépenses dans les différents secteurs culturels – patrimoine, spectacle, etc. En outre, elles ne sont pas compatibles entre elles. Enfin, il n'est pas cohérent d'additionner les 13,9 milliards d'euros de l'État dédiés à la culture aux 7,6 milliards des territoires pour la simple raison qu'une part non négligeable des dépenses de l'État prend la forme de subventions aux collectivités, une large composante de l'offre culturelle locale étant gérée en régie directe : une simple addition compterait donc deux fois ces subventions.
S'agissant des limites de notre travail, il est vrai que nous avions une lettre de mission très ambitieuse. L'apport méthodologique sur le périmètre, les données et les grands agrégats a déjà demandé un travail considérable. C'est la raison pour laquelle le rapport est plus descriptif qu'il ne fait de préconisations.
En ce qui concerne les rapports entre tourisme et culture, nous savons tous qu'ils sont complémentaires. Le Louvre, qui a reçu 9,2 millions de visiteurs en 2013 – un chiffre en légère diminution mais qui fait néanmoins du Louvre, et de très loin, le premier musée du monde – est une parfaite illustration de cette réciprocité. Comment passer de l'évidence à l'évaluation ? Bien que nous ayons déjà procédé à des sondages de terrain, dont certains sont de grande qualité, il nous reste toutefois encore à forger la méthodologie permettant de mesurer de manière objective l'attractivité touristique des territoires culturels. Cette réflexion devra être menée dans les prochaines années avec les administrations chargées du tourisme.