C'est un grand honneur de m'exprimer aujourd'hui devant vous. J'évoquerai d'abord l'organisation de notre outil diplomatique et les réformes que nous avons engagées pour améliorer son efficacité, plus particulièrement depuis dix-huit mois, au service de la politique étrangère définie par le Président de la République et par le ministre. Quatre objectifs nous guident aujourd'hui : l'adaptation de notre dispositif ; la coordination, qui est la condition de notre efficacité ; la mobilisation autour de priorités clairement définies, en particulier la diplomatie économique ; la recherche de l'attractivité.
Première exigence, s'adapter. Le monde change. Les rapports de puissance se modifient de manière accélérée depuis environ vingt ans. Notre représentation diplomatique doit épouser ces changements, de même que les communautés françaises à l'étranger et nos entreprises se redéploient elles aussi.
Deux principes ont été fixés. D'une part, ne pas renoncer à une présence de la France aussi universelle que possible. L'universalité constitue un atout : elle permet à notre pays de rayonner, de protéger ses ressortissants et de promouvoir ses intérêts presque partout dans le monde. C'est là un « actif » important de la diplomatie française.
D'autre part, penser l'universalité de manière globale. Antérieurement, sans doute parce que nous disposions de davantage de moyens, nous avons eu tendance à procéder à des ajustements séparés de chacun des réseaux – diplomatique stricto sensu, consulaire, culturel et de coopération. Aujourd'hui, notre objectif est double : passer d'une répartition des moyens fondée sur des héritages, des sédimentations, voire une certaine inertie, à une carte des implantations tournée vers l'avenir, qui corresponde à l'évolution prévisible des rapports de puissance et aux nouvelles influences ; dans un pays déterminé, moduler notre présence en fonction de notre priorité, qui peut être politique, économique, consulaire ou culturelle.
En combinant ces deux principes, nous réaffirmons l'ambition d'une présence aussi universelle que possible – à laquelle votre Assemblée est, je le sais, attachée. Mais, compte tenu de nos moyens et de nos objectifs, cette universalité ne peut être synonyme ni d'immuabilité, ni d'uniformité, ni d'exhaustivité des missions. Il n'en reste pas moins que le réseau diplomatique français demeure le troisième au monde, la Chine étant passée au deuxième rang.
Je donnerai trois exemples des adaptations en cours. D'abord, nous allons procéder, entre 2013 et 2015, au redéploiement d'environ 300 emplois de toutes catégories à partir des États-Unis et des postes les mieux dotés en Europe et au Maghreb vers les zones géographiques prioritaires, en particulièr les pays émergents. Cet effort, qui peut paraître limité à première vue, est en réalité très important au regard des effectifs du ministère des affaires étrangères et des 600 emplois qu'il devra rendre au cours du triennum – nous continuons en effet à apporter notre contribution à l'effort global de stabilisation de l'emploi public.
En outre, nous allons transformer certains postes dits « de présence diplomatique » en ambassades au format très allégé – un ambassadeur assisté de quatre agents au maximum – et recentrées sur deux ou trois missions prioritaires. C'est là une innovation importante. Jusqu'à présent, nous avions considéré qu'une ambassade comptant moins de dix agents ne disposait pas vraiment d'autonomie. Nous avons décidé de franchir le pas, en suivant l'exemple de certains de nos partenaires, notamment britanniques. Ce faisant, nous ne renonçons pas à notre présence, qui est gage de rayonnement politique. Nous allons tester cette formule dès cette année dans treize pays, notamment à Brunei, en Érythrée, à la Jamaïque ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cette transformation s'accompagne d'une adaptation et d'un allègement de nos implantations immobilières dans les pays concernés.
Enfin, dans les pays où nous disposons d'un réseau avec plusieurs postes ou implantations, nous allons, hors la capitale en particulier, identifier la structure la plus représentative de nos priorités et en faire la base de notre présence. Cette mesure concernera, notamment, l'Europe. Un exemple, en Allemagne où cela n'aurait guère de sens de multiplier les structures. Nous avons au contraire intérêt à choisir dans chaque métropole régionale où nous sommes implantés la forme de présence la plus adaptée, qui peut être un consulat général, un institut français ou encore un bureau d'Ubifrance. Nous adosserons ensuite les autres fonctions à cette structure porteuse. Nous pourrons ainsi conférer le titre de consul général à un directeur d'institut français ou à un responsable de bureau d'Ubifrance, ce qui leur donnera une capacité d'influence supplémentaire. Il s'agit donc de supprimer les doublons, de tirer le meilleur profit de la présence existante, afin de resserrer notre maillage et d'être aussi efficaces que possible.
Épouser les changements, c'est aussi faire face aux menaces sur nos implantations, nos agents et les communautés françaises à l'étranger – un des grands enjeux du ministère aujourd'hui, tant sur le plan budgétaire que sur celui de l'organisation. Afin de renforcer la protection de nos implantations dans les zones à risques élevés, nous avons engagé un programme très important de dépenses de sécurité. Elles sont financées par redéploiement et emploi d'une part du produit de nos cessions, et s'élèveront à environ 20 millions d'euros par an.