Intervention de Pierre Sellal

Réunion du 8 janvier 2014 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Pierre Sellal, Secrétaire général du ministère des affaires étrangères :

Oui, 20 millions d'euros chaque année, en 2014, 2015 et 2016. Néanmoins, ce montant ne comprend pas certaines opérations exceptionnelles, comme celle que nous allons réaliser à Tripoli après l'attentat dont notre ambassade a été victime l'année dernière : l'ancien bâtiment est inutilisable et nos équipes sont installées à l'hôtel dans des conditions de sécurité précaires. Nous devons donc accélérer notre installation dans un compound sécurisé, ce qui coûtera environ 15 millions– à financer aussi par redéploiement.

En outre, nous élaborons actuellement, dans un cadre interministériel, une doctrine précisant notre politique de sécurité à l'étranger. Nous devons répondre, dans ce cadre, à certaines questions : convient-il d'étendre cette politique de sécurité à l'ensemble de nos implantations, y compris aux écoles, aux lycées, et aux centres culturels ? Quel équilibre trouver entre le souci de maintenir certains lieux ouverts et accessibles au public et l'impératif de sécurité ?

La deuxième exigence qui s'impose à nous est la coordination, sans laquelle il ne saurait y avoir de politique étrangère efficace. Il revient au ministère des affaires étrangères et, sur le terrain, aux ambassadeurs d'assurer la cohérence de l'action extérieure de la France. Pour cela, nous avons besoin d'outils opérationnels. J'évoquerai trois innovations à cet égard. D'abord, nous avons créé dans la plupart des ambassades, sur instruction du ministre, un conseil économique et un conseil pour l'action culturelle, l'éducation et l'attractivité. Il s'agit de réunir très régulièrement, sous l'autorité de l'ambassadeur, l'ensemble des services et des opérateurs de l'État qui concourent à la présence et au rayonnement de la France dans un pays donné. Les représentants des entreprises sont associés aux réunions du conseil économique. L'objectif est clair : décloisonner ; créer des synergies entre nos différents moyens d'action – soutien aux entreprises, coopération technique, action culturelle, délivrance des visas, assistance à la communauté française ; en un mot, faire système.

En outre, depuis quelques mois, les plans d'action des ambassades sont devenus de véritables documents interministériels qui engagent l'ensemble des services et des opérateurs de l'État dans un pays donné. La partie économique de ces plans d'action est élaborée en concertation avec la direction générale du Trésor. Nous l'assortissons d'indicateurs qui permettent au ministère des affaires étrangères et aux ministères de l'économie et des finances et du commerce extérieur d'apprécier conjointement leur mise en oeuvre par l'ambassadeur et les services économiques. Compte tenu des difficultés de coordination qui ont pu exister dans certains postes, c'est là un progrès significatif.

Enfin, le Gouvernement a décidé, en décembre dernier, d'inscrire dans la mission de coordination et d'animation confiée aux ambassadeurs, en vertu du décret du 1er juin 1979 relatif aux pouvoirs des ambassadeurs et à l'organisation des services de l'Etat à l'étranger, l'ensemble des opérateurs de l'Etat, par exemple l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), l'Agence française de développement (AFD) ou Ubifrance. C'est une mesure de bon sens. De même, au niveau central, le champ de compétence du comité interministériel des réseaux internationaux de l'État (CORINTE) englobe l'ensemble des opérateurs de l'État, qui seront plus systématiquement associés à ses travaux.

Cette amélioration de la coordination doit s'accompagner d'un effort de mutualisation des moyens, source d'économies et d'efficacité accrue. Elle est systématiquement recherchée avec les autres services de l'État. Nous nous efforçons également de colocaliser nos implantations avec nos partenaires européens, au premier chef l'Allemagne, même si les succès sont peu nombreux en la matière, tant il est difficile de faire coïncider nos besoins, nos budgets et nos calendriers respectifs. Nous allons également examiner les possibilités de colocalisation avec les délégations de l'Union européenne dans les pays où nous allons réduire fortement nos effectifs.

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