Exactement. L'eau est remontée dans les barrages par pompage. Mais c'est un stockage que l'on ne peut faire à grande échelle et les contraintes environnementales sont importantes.
Le Conseil européen a décidé, dans sa séance du 4 février 2011, de renforcer l'interdépendance électrique européenne par la mise en place, à l'horizon 2014, d'un marché intérieur de l'électricité. Nous sommes un instrument important de cette intégration puisque nous organisons, avec d'autres bourses européennes, un « couplage de marchés », c'est-à-dire l'utilisation de la capacité d'interconnexion disponible telle qu'elle est prévue par les réseaux de transport de la veille pour le lendemain pour équilibrer au maximum les prix entre les différentes zones de livraison. À l'interconnexion physique des réseaux s'ajoute ainsi un marché commercial européen. On ne peut plus raisonner en termes uniquement nationaux : la France n'est pas un îlot électrique, elle est au centre d'un grand marché européen.
Je terminerai mon propos en évoquant les inquiétudes que nous inspirent la disparité des politiques nationales et ses répercussions sur la liquidité de chaque marché.
Au moment où les tarifs vert et jaune vont disparaître, la France a besoin d'un marché de détail compétitif qui ne peut lui-même exister sans un marché de gros compétitif. Or le marché de gros français a beaucoup pâti du dispositif de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) instauré par la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l'électricité). Selon les chiffres de la Commission de régulation de l'énergie, les volumes négociés sur marché de gros sont passés d'environ 700 TWh en 2011 à 600 TWh en 2012, soit une perte correspondant au volume de l'ARENH, tandis que le marché allemand s'élève à 10 000 TWh. La différence est encore plus grande sur les marchés de dérivés : pendant que l'Allemagne traite 100 TWh par mois, la France en traite à peine 3. Alors que le volume de consommation et le niveau technique des acteurs sont tout à fait comparables, le marché allemand, extrêmement liquide, devient la référence européenne et le marché français se trouve marginalisé du fait de dispositifs qui « verticalisent » la production en la captant dès sa source : lorsqu'elle sort de la centrale, l'électricité réservée à l'ARENH est déjà engagée chez un client ou chez un fournisseur, elle ne passe pas par le marché de gros.