En outre, j’insiste sur le fait que ce texte aura aussi pour conséquence de sécuriser juridiquement les collectivités locales et les associations qui oeuvrent au quotidien en faveur du développement, de la diffusion et de l’enseignement des langues régionales.
En l’état, il n’est pas acceptable pour notre République que l’application de la loi soit fonction des territoires et des préfets : cette hypocrisie juridique a assez duré.
Enfin, la ratification de la Charte sortira notre pays de son isolement en Europe. Sur quarante-sept États, les vingt-deux qui n’ont pas ratifié la Charte sont, pour la plupart, de très petits États, tels Saint-Marin, Monaco et Andorre, où la question des langues régionales ne se pose pas. Certes, la Belgique et l’Italie ne l’ont pas ratifié non plus, mais la Belgique reconnaît quatre langues officielles sur son territoire et l’Italie a la chance de disposer d’une loi spécifique très protectrice des langues minoritaires.
En revanche, à l’instar de la Turquie, de la Grèce ou de la Russie, dont nous dénonçons régulièrement les carences en matière de respect des minorités, la France se trouve totalement isolée.
Alors que le Parlement européen vient d’adopter, à une majorité de 92 %, un rapport exhortant tous les États non signataires à ratifier et à mettre en oeuvre la Charte, rien – je dis bien, rien – ne justifie aujourd’hui notre retard.
Les droits humains sont universels. Parmi eux, l’égalité, à laquelle nous sommes profondément attachés, ne consiste pas à nier la différence de l’autre, mais plutôt à reconnaître l’autre dans sa différence, au sein d’une communauté citoyenne. Ainsi, la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, que nous venons de voter, rend notre République encore plus égalitaire et plus démocratique.
Au-delà de nos appartenances politiques, de nos postures réservées, de nos attitudes frileuses ou parfois, malheureusement, politiciennes, envoyons collectivement un signal fort en direction de toutes les Françaises et de tous les Français qui attendent légitimement et depuis si longtemps reconnaissance, respect et encouragement dans leur diversité.
Pour conclure, je voudrais qu’en cette année de commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918, nous n’oubliions pas ces poilus qui se sont battus dans les tranchées pour la France, et qui parlaient le basque, l’occitan, le breton, le créole ou l’alsacien.