Monsieur le ministre, la France a fondé l’ensemble des valeurs de son école sur l’égalité des chances et le mérite. Selon les enquêtes régulières dont nous disposons, notamment PISA, cette promesse républicaine est de moins en moins tenue en France et nous n’arrivons plus, notamment, à assurer l’égalité des chances et, plus précisément encore, l’égalité territoriale.
Le constat, nous le connaissons les uns et les autres et, pour remédier à la situation, droite et gauche confondues, nous avons imaginé depuis une trentaine d’années des politiques discriminantes, dirais-je, autour notamment des zones d’éducation prioritaire et des réseaux d’éducation prioritaire. Elles sont guidées par quelques principes : essayer de maintenir une stabilité de l’équipe pédagogique, essayer d’affecter dans les établissements les plus difficiles des professeurs plus expérimentés, et, comme nous l’avons fait les uns et les autres, donner un peu plus de moyens à un nombre limité d’établissements.
Vous venez d’annoncer un nouveau plan, doté, je crois, de 300 millions d’euros, qui, avec des différences, il est vrai, est fondé sur la même philosophie. De telles pratiques ne sont-elles pas en décalage profond avec les résultats que nous observons ? Ces discriminations à dose homéopathique sont-elles suffisantes pour rétablir l’égalité des chances, qui est notre promesse républicaine ? Ne faudrait-il pas changer radicalement de point de vue, aller peut-être vers une plus grande autonomie des établissements scolaires en leur accordant de fortes dotations horaires globales annualisées pour essayer de traiter vraiment différemment des élèves dont la sociologie est très différente ?