Monsieur le ministre, l’affaire Dieudonné nous a rappelé, s’il en était besoin, que le cancer du racisme, de l’antisémitisme et du négationnisme est, hélas, encore très présent dans notre société. Face à cette affaire et face aux provocations indignes et inacceptables de ce pseudo-humoriste, vous avez été exemplaire et vous avez tenu envers et contre tout. Je tiens à saluer ici publiquement votre intransigeance sur les valeurs qui sont le ciment de notre République. En France, le racisme et l’antisémitisme n’ont pas leur place. La République ne tolère pas la haine de l’autre, elle ne tolère pas le négationnisme.
À dix-sept heures, le lundi 9 janvier, après la décision du tribunal administratif de Nantes, lorsque les journalistes m’ont demandé, dans la salle des Quatre Colonnes, si Manuel Valls avait perdu, j’ai répondu : « Non, c’est la France qui a perdu. » Mais quelques heures plus tard, la décision du Conseil d’État est tombée : c’était une victoire pour la France. Cette victoire, monsieur le ministre, c’est aussi la vôtre. Vous avez su faire preuve de détermination, de courage, et vous avez maintenu le cap.
Cependant, cette affaire pose certaines questions. Dieudonné a été condamné à dix reprises depuis l’an 2000. En 2008, notamment, il a été condamné pour avoir évoqué « l’exploitation du souvenir de la Shoah », qu’il qualifie de « pornographie mémorielle ». Or nous sommes en 2014, et il n’a, semble-t-il, payé quasiment aucune de ses amendes. Comment se fait-il que, durant tant d’années, cet homme condamné pour des faits aussi graves ait pu vivre ainsi impunément ? Pourquoi les condamnations n’ont-elles pas été appliquées ? Que comptez-vous faire pour vous assurer que les lois de la République ne puissent être ainsi bafouées ? La perquisition de mardi dernier, qui a permis de retrouver 650 000 euros, n’aurait-elle pas pu et dû avoir lieu plus tôt ?