Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 30 janvier 2014 à 15h00
Questions au ministre de l'intérieur

Manuel Valls, ministre de l’intérieur :

Monsieur le député, vous évoquez un sujet délicat. Nous sommes en train de travailler avec la DCRI à l’élaboration de propositions nouvelles que je présenterai dans quelques jours au Président de la République. Vous avez raison de souligner la mobilisation de la société face à ce phénomène très préoccupant qui n’est pas que français. Plusieurs centaines d’Européens – sans doute 2 000 à 3 000 – sont aujourd’hui impliqués dans ces filières. À ce jour, 700 Français ou personnes résidant en France sont concernés : 250 se trouvent en Syrie et 21 sont déjà morts là-bas, dans les conditions que vous connaissez.

Cela exige un travail de police et de justice, mené en coopération à l’échelle de l’Europe, coopération que nous avons élevée à un très haut niveau avec ma collègue belge Joëlle Milquet et d’autres de mes homologues. Nous devons mener une réflexion particulière sur internet, qui suscite des processus de radicalisation particulièrement rapides, comme nous l’avons vu avec les deux jeunes Toulousains. C’est un sujet de préoccupation car ces phénomènes échappent au radar traditionnel des forces de l’ordre. Je vous rappelle enfin l’importance du travail de la justice : plusieurs dizaines de dossiers sont judiciarisés par des juges qui suivent particulièrement ces questions.

Il faut aussi compter sur le mouvement social de « contre-radicalisation », pour employer un terme qui ne fait pas partie de notre vocabulaire et qui est employé dans d’autres payas. Il doit permettre aux enseignants, aux associations, aux cultes, notamment au culte musulman, aux policiers, aux gendarmes de se mobiliser. C’est une bonne chose que nous parlions publiquement ici même de ce sujet qui a occupé les médias à la suite de l’affaire des deux adolescents : il faut qu’il y ait un éveil des familles, une prise de conscience face à ces phénomènes car ils sont susceptibles d’être détectés. Je dois rappeler à cet égard que nos services agissent souvent parce qu’ils ont été alertés par les familles. Il nous faudra mettre en place, en collaboration avec les élus locaux et les maires, des dispositifs d’alerte en ce sens. Nous aurons l’occasion d’en reparler très rapidement. Je me tiens à votre disposition, monsieur Cavard.

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