Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 5 février 2014 à 21h30
Formation professionnelle — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Ce fut une avancée majeure : la formation continue devient une priorité nationale et s’est vue dotée de moyens financés par les entreprises. La loi portait déjà une double ambition : l’éducation permanente, chère à Condorcet, accessible à chacun, quel que soit son rang social, mais aussi la possibilité de rattraper les déficits de connaissances et de compétences de chaque citoyen. En résumé, elle permettait d’améliorer son capital culturel et professionnel et de devenir ainsi un citoyen en fin de compte plus libre.

Nous connaissons les progrès accomplis depuis : la formation continue a pris une place importante dans notre pays et représente désormais près de la moitié du budget de l’éducation nationale.

Les limites aussi sont identifiées, et elles ont été rappelées tout au long de ce débat : l’effort de formation profite insuffisamment à ceux qui en ont le plus besoin, les moins qualifiés, les demandeurs d’emploi, les précaires, les salariés des PME. Et il finance des formations insuffisamment qualifiantes.

Dans ce contexte, il était temps de passer d’une obligation de dépenser à une obligation de former, d’un versement financier de chaque entreprise à un droit réel, garanti à chaque salarié, d’un droit perdu à chaque changement d’emploi à un droit de tirage véritablement portable. Et le vecteur de cette transformation, c’est le compte personnel de formation.

Ainsi, quarante ans après l’assurance chômage, coup sur coup, trois pierres importantes pour la constitution d’une sécurité sociale professionnelle auront été posées : la généralisation des complémentaires santé dans la loi de sécurisation de l’emploi, le compte individuel de pénibilité dans la loi sur les retraites, et donc, aujourd’hui, le compte personnel de formation ; des droits personnels, transférables, garantis collectivement.

Chers collègues, Jacques Delors avait intitulé son très beau rapport de 1996 sur l’éducation – où il appelait, d’ailleurs, à la création d’une « banque du temps choisi » pour permettre à chacun de se former tout au long de la vie – : « L’éducation, un trésor à l’intérieur ». Il se référait, en l’adaptant, à cette belle fable de La Fontaine, Le laboureur et ses enfants :

« Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,

Fit venir ses enfants.

Gardez-vous, de vendre l’héritage de nos parents

Un trésor est caché dedans.

Le père mort, les fils retournent le champ

Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an

Il en rapporta davantage.

D’argent, point de caché.

Mais le père fut sage

De leur montrer avant sa mort

Que le travail est un trésor. »

Oui, la formation est un trésor ! Elle n’est pas le remède miracle à tous les maux de notre pays, mais elle est certainement un trésor. Notre responsabilité, aujourd’hui, à travers ce débat, est d’en tirer le meilleur pour le bien de nos concitoyens.

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