Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 29 janvier 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Concernant le projet de Grand Stade de votre fédération en Essonne, plusieurs points nécessitent des précisions. Tout d'abord, pourquoi l'utilisation du Stade de France n'est-elle pas l'option retenue ? Le Stade de France ne connaissant pas une sur-utilisation, pourquoi ne pas privilégier la piste du renouvellement et de l'amélioration de l'accord vous permettant d'y organiser l'accueil du XV de France ? J'entends les difficultés auxquelles vous avez été confronté, mais elles ne me semblent pas insurmontables. Dans leur rapport sur le financement public des grandes infrastructures sportives, les sénateurs soulignent d'ailleurs la nécessité qu'un accord de plus long terme soit conclu pour accueillir le XV de France au Stade de France.

Car l'opportunité de votre projet soulève de réelles questions. Il y a déjà le Stade de France, le stade Jean Bouin et le Parc des Princes à Paris, ainsi qu'un projet de stade à Nanterre. Le rapport du Sénat s'est clairement positionné contre la construction de ce Grand Stade. Les rapporteurs considèrent qu'il serait « déraisonnable que la région Île-de-France compte sur son sol deux stades d'une capacité de 80 000 places sans club résident ». Ils pointent la compétition que cela susciterait entre ces deux stades pour accueillir des événements sportifs mais aussi culturels de grande envergure. Ils indiquent que cela risquerait de mettre en péril le modèle économique de ces deux structures. Car le modèle économique sur lequel repose la construction de ce stade est fragile. Il ne faudrait pas en outre reproduire les erreurs du partenariat public-privé du Stade de France.

Construire sur vos propres fonds et en recourant à l'emprunt un stade de plus de 80 000 places dans le sud de l'Île-de-France peut donc apparaître financièrement périlleux. J'ai aussi entendu qu'une partie du financement pourrait être trouvée par le biais du « naming ». Qu'en est-il réellement ? Et quel impact financier pour les collectivités territoriales ?

Dans un autre registre, il ne faudrait pas reproduire les insuffisances de la construction du Stade de France, aujourd'hui techniquement dépassé. Si une telle construction devait voir le jour, il faudrait qu'elle soit particulièrement novatrice au plan environnemental, des techniques HQE, des normes ou encore de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap.

Permettez-moi de souligner que des doutes existent quant à l'impact écologique de cette construction sur le site et ses environs.

Enfin, qu'en serait-il de l'ouverture de ce nouveau stade aux autres ? Le « sport pour tous » doit aujourd'hui être privilégié, pour le rugby comme pour les autres sports. Qu'est-il prévu pour la pratique amateur au sein de ce futur stade ? Et comment justifier un tel gigantisme quand, ailleurs, les besoins sont importants ? Je pense aux clubs dont les besoins sont énormes.

Cela m'amène à vous interroger sur le soutien de la fédération à ces clubs, de façon globale, et plus particulièrement, au nord de l'Île-de-France : en Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Normandie et Champagne-Ardenne. Car la fédération a affirmé sa volonté de soutenir le développement des clubs du Nord de la France et ceux-ci sont désormais dans l'attente d'engagements concrets, comme c'est le cas à Amiens. Ils demandent par exemple plus de soutien de la fédération pour le financement des postes de cadres techniques et leur pérennisation et pour développer la notoriété de ces clubs. J'espère d'ailleurs que la fédération a prévu de soutenir le projet de tournoi en 2016 à Amiens pour le centenaire de la bataille de la Somme. Le fait que les matches de la coupe du monde féminine de rugby se déroulent tous en Île-de-France n'a pas été très bien perçu. Cela est d'autant plus dommage que le développement du sport féminin a un fort potentiel de développement dans le Nord. Pourriez-vous d'ailleurs nous donner des précisions sur le plan de féminisation de votre fédération, tant au niveau de la pratique que des dirigeants ?

Pour en revenir aux clubs, des réflexions sont-elles en cours pour inciter les joueurs qui n'ont pas de clubs à choisir des villes comme Amiens ou Arras ?

J'ai par ailleurs entendu que certains joueurs professionnels recevraient des gratifications de la part des clubs amateurs, créant du coup une distorsion entre le rugby des clubs riches et celui des clubs pauvres. Pourriez-vous m'en dire plus ? Ces pratiques sont-elles réglementées pour éviter d'éventuelles dérives et distorsions en fonction des moyens des uns et des autres ?

Enfin, dans un tout autre registre, le magazine Sport et Vie de décembre 2013 pointait les risques vertébraux des jeunes, notamment au rugby. Les vertèbres d'un adolescent restant fragiles jusqu'à vingt ans, des réflexions et actions de prévention sont-elles menées pour réduire ces risques ? Qu'en est-il également de la lutte contre le dopage ? Et, à la suite de l'affaire de blanchiment d'argent en lien avec des reventes de billets de la fédération, j'ai bien entendu que vous exigiez dorénavant une traçabilité pour tous les achats en nombre. Pourriez-vous nous préciser les mesures prises ?

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