Intervention de Paul De Keerle

Réunion du 29 janvier 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Paul De Keerle, directeur financier de la Fédération française de rugby :

Ce qui importe à la fédération, c'est qu'elle puisse jouer ses matches. Si nous ne sommes pas en mesure de jouer, nous ne pourrons pas rembourser les clubs, quelle que soit leur localisation. D'ailleurs, les clubs de l'Est de la France bénéficient de remboursements plus importants, puisqu'ils effectuent de plus grandes distances que les autres pour jouer ces matches. Le futur Grand Stade permettra, une fois les remboursements effectués, de dégager 50 millions d'euros par an pour le rugby amateur, à l'instar de la fédération anglaise du rugby, bientôt suivie de la fédération galloise. Si la Fédération française renonçait au projet, les fonds ne seraient tout simplement pas levés et ne pourraient nullement financer les dépenses de fonctionnement des clubs et le rugby amateur.

Pour ce qui est du financement, dans les pays du sud de l'Europe, ce sont des systèmes de « socios » qui ont été utilisés ; la Fédération française de rugby ne pouvant pas avoir de coactionnaires, cette solution n'a pu être retenue. Les pays anglo-saxons ont conçu un nouveau modèle de développement, fondé sur un emprunt obligataire. Les personnes fières de participer au développement de leur sport prêtent de l'argent à leur fédération et bénéficient, en échange, d'un droit d'achat prioritaire de places. C'est le modèle que nous avons retenu ; nous procéderons d'ailleurs bientôt à une première émission obligataire, de taille modeste et destinée à financer des investissements immobiliers au Centre national de rugby.

Le « naming » fait partie des sources de financement du stade ; il a une valeur importante compte tenu du rayonnement international du stade. Son utilisation devrait nous permettre d'emprunter moins d'argent.

Vous avez par ailleurs suggéré que nous achetions le Stade de France. Cela ne me semble pas envisageable, étant donné qu'il appartient au domaine public et qu'il est donc inaliénable. La concession actuelle prendra fin en 2025 ; elle sera ensuite à nouveau proposée, mais il y aura vraisemblablement une forte concurrence pour l'obtenir. Le stade Jean Bouin ou celui de l'Arena 92 n'ont pas du tout les mêmes jauges que le stade que nous souhaitons créer : leur taille réduite ne leur permet pas d'accueillir une Coupe du monde. Certes, le Stade de France fera concurrence au Grand stade. Je rappelle toutefois que l'État, qui n'a financé le Stade de France qu'à 50 %, est au total bénéficiaire, grâce aux taxes et impôts qu'il a prélevés. Ce stade est, depuis juillet, totalement remboursé, ce qui modifie complètement son économie. Londres, par exemple, dispose de deux stades de 90 000 places, qui vivent très bien : Wembley, qui appartient à la fédération anglaise de football, et Twickenham, en lisière de Londres. Ce projet est par ailleurs extrêmement sûr, compte tenu du fait que les dates des rencontres sportives sont d'ores et déjà fixées jusqu'en 2073. En cela, il n'y a pas d'aléa sportif.

En ce qui concerne les normes de haute qualité environnementale, il n'en existe pas pour ce type de bâtiment. Néanmoins, nous réfléchissons à adopter une démarche environnementale. Il en va de même en matière d'accessibilité.

Ce stade sera tout à fait ouvert à la société civile, puisqu'il ne comportera pas de pelouse fixe. Entre les grands matches qui doivent assurer la rentabilité financière du projet, le stade pourra être utilisé quotidiennement, par exemple pour des remises de diplômes, comme c'est le cas du stade de Dallas ou de Houston, aux États-Unis.

Ce stade va également générer des emplois : 500 emplois pour sa construction, puis 120 emplois permanents pour son exploitation quotidienne et 1 800 emplois temporaires lors des grands événements. Il va également assurer le développement économique du territoire sur lequel il est situé. Une convention a été signée avec les collectivités pour favoriser l'emploi local. Les retombées fiscales sont par ailleurs estimées, sur cette zone, à 13 millions d'euros.

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