Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 4 février 2014 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

La Commission européenne a rendu publique le 22 janvier dernier sa proposition de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2030. En 2009, dans le cadre du paquet « énergie climat », avait été fixé l'objectif d'une réduction de 20 % d'ici à 2020. La bataille s'annonçait rude puisque le commissaire à l'industrie et le commissaire à l'énergie proposaient de limiter l'effort à 35 % pour 2030. Vous défendiez vous-même, monsieur Hulot, l'objectif de 40 %. C'est ce seuil qui a été retenu. Il correspond aux recommandations des scientifiques du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, afin de contenir la hausse moyenne des températures en deçà de 2 degrés au niveau mondial d'ici à la fin du siècle.

Actuellement, il est estimé que l'Union européenne est responsable de 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Fixer des objectifs à un bon niveau ne suffit pas, il faut maintenant se poser la question des moyens mis en oeuvre pour les atteindre.

Au sommet de Varsovie, j'ai constaté que tous les acteurs n'étaient pas sur la même longueur d'ondes, loin s'en faut. Selon un certain nombre de pays émergents en Europe, les efforts qui leur sont demandés en matière de réduction des gaz à effet de serre contrarient leurs perspectives de développement. En définitive, ils reproduisent le même mode de développement des pays riches à l'ère de la révolution industrielle, sur fond de gaspillages énergétiques considérables, sans aucun souci de préservation de la planète.

Le charbon, première énergie du monde, reste l'énergie la plus polluante. Or lorsqu'elle ferme ses centrales nucléaires, l'Allemagne ouvre des centrales à charbon. Bravo pour l'avancée environnementale ! Sur cette question majeure, vous n'avez pas dit un mot, monsieur Hulot.

La Commission européenne peut sanctionner les États qui ne respectent pas les seuils qui leur sont imposés en matière de dettes et de déficit. Les gouvernements doivent même soumettre préalablement à Bruxelles leurs budgets nationaux pour voir s'ils sont conformes aux normes « austéritaires ». Mais lorsqu'il s'agit de réduire les émissions de GES, aucune contrainte réelle n'est envisagée : il n'y a pas lobby pour cela ou, du moins, ils sont bien moins puissants que ceux de la finance et de l'industrie, capables d'imposer l'austérité généralisée.

Personne n'a encore porté l'exigence d'une austérité environnementale. Je crois pourtant que nous n'atteindrons pas les objectifs fixés si nous n'instaurons pas d'incitations fortes pour des productions et un développement propres.

Finalement, monsieur Hulot, il vous a fallu vingt-cinq ans pour aboutir à la même conclusion que Marx, à savoir qu'une série de crises successives débouche sur une crise durable ! (Sourires)

J'aimerais vraiment connaître votre point de vue sur l'Allemagne. Contrairement à ce que pensent certains, je ne suis pas pour le tout nucléaire – cette énergie aura une fin, comme les autres. Cela dit, la superficie de notre territoire ne nous permettra pas d'installer suffisamment d'éoliennes, pour couvrir nos besoins en électricité. Cette énergie est du reste quasiment inexistante aujourd'hui. En outre, la moitié de notre production hydraulique va s'arrêter à cause de la loi sur l'eau ! (Murmures) Comment allons-nous faire ?

Développer l'écologie, c'est très bien, mais encore faut-il produire ! Il faut préserver l'industrie. L'isolation des habitations implique de fabriquer de la laine de verre, du placoplatre, des parpaings ! En trente ans, les efforts du secteur industriel en matière de mise en conformité ont été considérables : il ne faut pas les nier.

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