Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 24 octobre 2012 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Je trouve évidemment mes collèges de la majorité bien sévères, mais je pense que nous aurons l'occasion de débattre de tout cela dans les prochains mois.

Monsieur le ministre, le budget de la mission « Enseignement scolaire » reste le plus gros budget de l'État, et ses crédits bénéficieront d'une augmentation de 7 % d'ici 2015.

Dans votre présentation stratégique de la mission, vous avez évoqué les premières mesures que vous avez prises pour que la rentrée 2012 se passe bien. Je tiens tout de même à dire que les précédentes rentrées scolaires ne se sont pas si mal passées que cela, malgré les courageuses suppressions de postes prises par l'ancienne majorité pour réduire la dépense publique.

Nous proposions de revoir le service des enseignants, et de revaloriser leur salaire ; nous l'avons d'ailleurs fait pour les débuts de carrière. La majorité actuelle a fait un autre choix, qui sacrifie le pouvoir d'achat des enseignants.

Vous annoncez 43 000 recrutements en 2013, dont 21 300 de re-création, et tout cela conformément à la volonté du Président de la République. Je note qu'en équivalent temps plein, vous nous avez annoncé 8 281 postes. Je vous en donne acte – pour ma part, j'avais calculé, en prenant en compte les programmes 140, 140 et 139, qu'il y en avait 8 332.

Je voudrais cependant rappeler qu'en examinant les courbes des effectifs depuis la loi Jospin de 1989, on s'aperçoit que le nombre d'enseignants a augmenté significativement jusqu'en 2002, puis a diminué progressivement, alors que le nombre d'élèves baissait relativement régulièrement sur cette même période.

Lors de la dernière année scolaire, nous avions encore 34 000 enseignants de plus qu'en 1989 et 540 000 élèves en moins. Malheureusement, les performances de notre système scolaire, notamment en période d'encadrement très confortable, ne se sont guère améliorées par rapport aux autres pays de l'OCDE. Se poser la question d'une meilleure répartition des moyens était donc légitime.

À l'UMP, nous partageons vos objectifs de faire réussir tous les élèves et de donner la priorité à l'école primaire, avec la maîtrise des connaissances et des compétences du socle commun – une innovation majeure de la loi Fillon. Nous partageons même votre objectif de « mieux former et évaluer les enseignants ». En créant en 2011 une mission d'information sur la mastérisation et la formation des maîtres, notre Commission avait bien conscience qu'il fallait améliorer la formation professionnelle des futurs enseignants.

J'ai bien noté, dans les programmes 140 et 141, la réintroduction de la catégorie d'emploi d'enseignants stagiaires et les crédits demandés y afférents. Disposer d'enseignants motivés et compétents est aussi notre souhait.

J'ai la certitude que la politique éducative menée ces dernières années n'a pas été aussi négative que certains veulent bien le dire, y compris pour les élèves en difficulté. Le programme ECLAIR (écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite) a permis des améliorations certaines dans l'éducation prioritaire. Je salue d'ailleurs votre volonté de réduire les écarts avec les établissements situés hors éducation prioritaire.

L'accueil et la scolarisation des élèves handicapés ont progressé significativement durant les dix dernières années. Vous poursuivez cet effort, ce que nous approuvons évidemment.

L'aide personnalisée, les stages de remise à niveau ont aussi permis une évolution favorable à l'entrée en sixième. Je laisserai mes collègues vous interroger sur ces sujets-là.

Pour ma part, je terminerai sur un appel au secours. Le « malaise » des directeurs d'école devient « souffrance au travail », si l'on en croit un récent article, qui s'appuie sur une enquête des syndicats. Les directeurs demandent une revalorisation financière, une amélioration des décharges, une meilleure formation. Dans ce domaine, j'ai constaté que vous prévoyez 1,4 million d'euros pour la formation initiale, conformément à un arrêté de 1997. Or ce n'est pas suffisant. Je crois à l'effet « chef d'établissement », et pas seulement à la lutte contre la violence scolaire – et vous renvoie à l'audition de M. Debarbieux, il y a quinze jours. Je n'ai pas réussi, malheureusement, à ouvrir ce dossier, lors de la précédente législature. Dans le cadre de la refondation de l'école, envisagez-vous de revoir le statut des directeurs d'école ?

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