Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 24 octobre 2012 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

L'éducation est une priorité pour ce gouvernement et la majorité, nous n'en doutons pas. Votre présentation budgétaire témoigne de ce volontarisme que je tiens à saluer au nom du groupe écologiste. Les défis à relever sont grands, car l'éducation nationale a beaucoup souffert lors du précédent quinquennat. On voit les conséquences de l'application d'une idéologie néolibérale à l'éducation nationale qui a fait des ravages et dont les premières victimes sont nos enfants et nos jeunes.

Je ne m'étendrai pas sur les effets des réformes du précédent gouvernement. Je préfère saluer votre volonté de changement, illustrée notamment par les nombreuses créations de postes, mais aussi par l'organisation de cette grande concertation sur la refondation de l'école. Permettez-moi néanmoins d'appeler votre attention sur un certain nombre de points.

Concernant la réforme de la formation des enseignants, il est indéniable que mettre de nouvelles recrues directement face à une classe sans préparation et accompagnement adéquat mène à la catastrophe. C'est pourquoi nous soutenons l'organisation, dans cette période de transition, d'une véritable formation professionnelle des futurs enseignants, avec une mise en responsabilité progressive, dans le cadre des futures ESPE.

Afin que le temps de formation soit véritablement consacré à former les étudiants à leur futur métier, il convient, à notre sens, de les dégager de la contrainte que représente le bachotage de la préparation d'un concours. Or situer le concours à la fin de la première année de master reviendrait, pour nous, à réduire cette année de formation à une préparation de concours. Nous vous suggérons donc d'organiser un concours ou – car nous sommes conscients de l'impact budgétaire d'une telle mesure – une épreuve d'admissibilité en fin de licence, et l'épreuve définitive en fin de première année de master.

Bien sûr, la question du pré-recrutement est essentielle, pour permettre aux étudiants de se former réellement et pour que cette profession soit à nouveau ouverte à celles et ceux qui n'ont pas les moyens d'accomplir des études supérieures. C'est le modèle de l'école républicaine qui est en jeu. À cet égard, j'aimerais que vous nous précisiez l'articulation du master avec le dispositif des emplois d'avenir professeur. Qu'en est-il de notre suggestion d'intégrer les contrats d'avenir professeur à la formation professionnelle ?

Au-delà de cette question, d'autres enjeux sont très importants : la formation continue des enseignants, mais aussi les filières de l'enseignement professionnel, qui doivent bénéficier de toute notre attention.

Je pense également aux rythmes scolaires. Il est indispensable d'organiser différemment les journées d'école – nous aurons l'occasion d'en reparler lors des prochaines échéances – et de prévoir plus de temps pour le périscolaire, d'imaginer des partenariats avec des associations locales, de construire des projets collectifs, de travailler avec les artistes, etc. Il faut pour cela que l'on favorise les initiatives des personnels et des établissements et que l'on associe davantage les parents. Il faudrait penser à donner à ces derniers un véritable statut. Mais nous savons que le gouvernement y pense.

Nous serons attentifs à ce que toutes les collectivités territoriales, où qu'elles soient ou quels que soient leurs moyens, soient en mesure de proposer la même variété d'offres pour nos enfants. C'est pourquoi j'appelle votre attention sur la nécessité de mettre en place un système de péréquation. Je suis persuadée que vous partagez ce point de vue. J'espère que vous pourrez nous donner quelques garanties supplémentaires.

Donner davantage de place au périscolaire et revoir les rythmes scolaires nécessite également – mais nous aurons l'occasion d'en discuter lors de nos prochains débats – de repenser le contenu des programmes scolaires. On ne peut plus organiser le temps de travail par séquences disciplinaires, qui se font suite sans cohérence : une heure de mathématiques, une heure de sport, une heure de littérature. Il faut le faire de manière transversale, repenser le contenu des programmes. Cela suppose, évidemment, que ces évolutions soient reflétées dans les manuels scolaires.

En outre, la lutte contre les discriminations, l'homophobie et le sexisme, doit bénéficier d'une place privilégiée à l'école. Un volet spécifique sur la déconstruction des stéréotypes de genre devrait, pour ce faire, être inclus dans la formation des enseignants.

Il conviendrait également de prévoir, dans le cadre de cette formation, un apprentissage de l'accueil des personnes porteuses de handicap. Je suis ravie de l'avoir déjà entendu dans les propos de notre rapporteur. Le principe de l'accueil des enfants handicapés dans les écoles les plus proches de leur domicile doit être une réalité. Ce coût doit être assumé par l'État. Je me réjouis que les orientations budgétaires aillent dans ce sens.

Monsieur le ministre, pour conclure, je tiens à vous réaffirmer notre soutien dans votre volonté d'agir pour l'éducation nationale.

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