Alors qu'en matière d'éducation, le précédent gouvernement parlait d'« autonomie », de « ressources humaines » et de « personnalisation », vous préférez tabler sur la réussite de tous et sur la confiance, et vous lancez les mesures nécessaires au redressement du système éducatif. De cela, nous vous félicitons.
La réussite scolaire des élèves en situation de handicap constitue une ambition prioritaire du projet de refondation de l'école, qui s'est déjà traduite par le recrutement de 1 500 AVS-i à la rentrée. Vous souhaitez combler le manque de reconnaissance et de stabilité des personnels chargés de l'accompagnement de ces enfants par l'instauration d'une formation préalable, d'un statut et d'un cadre professionnel.
Toutefois, les conditions de recrutement présentent encore des dysfonctionnements. Trop d'enfants en situation de handicap restent à la porte de l'école et, pour ceux qui peuvent bénéficier d'un accompagnement, le délai entre le constat d'un besoin et la prise de fonction de l'AVS est trop long. Le processus de recrutement, ponctué par des étapes administratives obligatoires, s'étend sur trois à quatre semaines : étude des candidatures, audition des candidats, établissement d'un contrat de travail. Ces contraintes empêchent les AVS d'être présents dès la rentrée ; l'élève demandeur ne peut pas intégrer l'établissement en même temps que ses camarades, ni les AVS participer aux réunions de prérentrée avec l'ensemble de l'équipe enseignante. Du point de vue psychologique, cette attente est très mal vécue par les familles, d'autant plus qu'elle s'ajoute à un cheminement souvent lent et douloureux vers l'acceptation de l'accompagnement.
Voilà pourquoi, dans la continuité des engagements de François Hollande en matière de handicap, de la concertation sur la refondation de l'école et de l'installation du groupe de travail interministériel sur la professionnalisation des accompagnants, il conviendrait de se pencher sur les conditions de recrutement des AVS et, à terme, sur la consécration d'un véritable métier, dont les praticiens seraient formés, affectés à des postes pérennes et intégrés durablement aux équipes pédagogiques, de manière à enrayer le recours à des recrutements ponctuels, qui donnent lieu à des contrats précaires et à des solutions d'accompagnement déconnectés des besoins réels.