Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 4 février 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

En l'état actuel des choses, on ne trouve aucun groupe terroriste djihadiste en RCA. Les ex-Séléka et les anti-balaka forment des milices – à dominante musulmane pour les premiers et catholique pour les seconds –, dont la préoccupation est moins l'idéologie que le brigandage et le désir de s'emparer du pouvoir. Cela dit, si on laisse le chaos s'installer, alors oui, toutes les dérives seront possibles. Les ex-Séléka, je le rappelle, ne représentent qu'environ 3 000 à 5 000 hommes ; les anti-balaka, eux, peuvent être des hommes qui décident de passer à la violence du jour au lendemain : les estimations sont donc plus difficiles et la tâche de nos forces d'autant plus complexe. Celles-ci effectuent en particulier un remarquable travail de renseignement.

Nos troupes suivent les groupes ex-Séléka, mais pas les populations civiles déplacées, bien entendu : celles-ci vont trouver refuge dans des camps où elles se sentent protégées. Nos troupes ont ainsi sécurisé un quartier au sud de Bangui, non loin de l'aéroport, afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et le retour de réfugiés. Nous poursuivrons bien entendu cette mission, avec le soutien, désormais plus efficace, du nouveau gouvernement – les liens du précédent avec les ex-Séléka rendaient la tâche plus difficile.

Il n'y a pas de contact entre les groupes installés dans le Sud libyen et la RCA, monsieur Audibert Troin. La présence de populations d'origine tchadienne dans la région de Birao est une question spécifiquement centrafricaine, alors que les trafics au nord du Tchad, eux, s'inscrivent dans une problématique sahélienne. M. Déby, avec qui je me suis plusieurs fois entretenu de ce sujet, est très soucieux de l'intégrité territoriale du Tchad et de la Centrafrique ; il est tout particulièrement vigilant sur la situation dans le sud de son pays.

Les règles d'engagement de l'EUFOR ne seront pas automatiquement les mêmes que pour les forces Sangaris, monsieur Nauche. Le principe de cette opération européenne sera avalisé le 10 février ; après quoi viendra un plan d'opérations qui fixera les règles d'engagement pour les pays volontaires. La procédure, en somme, est similaire à celle qui s'était appliquée pour la mission de formation de l'Union européenne au Mali, dite « EUTM Mali ». D'ailleurs, une mission du même type sera à mon sens nécessaire en Centrafrique, afin de reconstruire une armée en déshérence ; dans cette optique, mon homologue centrafricain invite les anciens soldats des forces armées centrafricaines (FACA) à réintégrer celles-ci, sous peine d'être assimilés à des déserteurs.

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