Intervention de Noël Mamère

Séance en hémicycle du 10 février 2014 à 16h00
Politique de développement et solidarité internationale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Malgré la crise de 2008, les inégalités se sont creusées encore un peu plus entre pays riches et pays pauvres, entre ceux qui détiennent aujourd’hui l’essentiel des richesses et cette moitié de l’humanité qui vit aujourd’hui dans des conditions déplorables. Comme cela a été dit, le revenu moyen dans les pays africains est d’un dollar par jour. Mais, et l’image est frappante, une vache européenne, grâce aux subventions accordées, vit avec 2,50 euros par jour ! Bien plus que des centaines de milliers d’hommes et de femmes africains !

Le projet de loi que vous nous proposez, monsieur le ministre, se veut une réponse à cette inégalité profonde, à cette injustice. Il vise aussi, si je l’ai bien compris, à mettre sur pied une politique fondée sur trois éléments : la référence aux droits humains fondamentaux tels qu’ils sont décrits par la Convention européenne des droits de l’homme et surtout par la Déclaration des droits de l’homme de 1948, la cohérence des politiques de développement et enfin leur transparence, sur laquelle je m’attarderai quelques minutes.

Depuis plusieurs décennies, en fait depuis la présidence de Gaulle, la politique de coopération de notre pays a été basée sur l’opacité et les réseaux, situation bien résumée par le terme de « Françafrique » forgé par le regretté François-Xavier Verschave, traîné devant les tribunaux par des dictateurs africains aujourd’hui poursuivis par la justice française dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis. Votre projet de loi, monsieur le ministre, constitue aussi un hommage post mortem au travail d’hommes comme lui.

Pendant près de quarante ans, nous n’avons eu aucun droit de regard sur la politique de coopération, domaine réservé de l’Élysée. Des hommes et des femmes, peuplant les cabinets noirs de l’Élysée, sans aucune légitimité démocratique, décidaient du sort des ministres osant lever le doigt contre quelque dictateur ou quelque crapule – que nous continuons d’ailleurs de soutenir – et leur ayant déplu, voire ayant mis en cause leur position dominante dans le pays !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion