Pour vous dire le vrai, monsieur le ministre, je n’en suis pas pleinement convaincu et nos avis sur le sujet divergent. L’intervention militaire de la France au Mali me donne à penser que ce n’est pas par la diplomatie de la canonnière que nous établirons une autre politique de développement. Je ne déplore pas l’intervention de la France en République centrafricaine, mais je lui reproche d’avoir soutenu des régimes et laissé pourrir des situations au point de nous contraindre à intervenir militairement. Je constate d’ailleurs que le règlement militaire des problèmes très graves frappant ces territoires d’Afrique a fait de nous les obligés de régimes que nous devrions poursuivre, en particulier le régime tchadien de M. Idriss Déby qui n’hésite pas à faire enfermer et torturer ses opposants, voire à les liquider.
Nous avons beaucoup discuté du contenu du texte dans le cadre de la commission des affaires étrangères, et en particulier du rapport annexé, monsieur le ministre. Nous pouvons nous féliciter que vous y ayez introduit, conformément d’ailleurs à la politique que vous menez depuis votre prise de fonction, la question du développement durable, vue non pas comme ce terme fourre-tout qui ne veut rien dire mais sous l’angle de sujets aussi importants que la souveraineté alimentaire, l’agriculture vivrière et l’autosuffisance alimentaire, ce que nous appelons dans notre jargon d’écologistes « l’agriculture paysanne ».
Jusqu’alors, on ne parlait pas de développement dans le cadre de la fonction de contrôle du Parlement ni d’un projet de loi. On ne l’évoquait que lors des discussions budgétaires, pour s’étonner ou verser des larmes de crocodile sur des catastrophes naturelles apportant le chaos dans certains endroits du monde et sur les victimes exploitées par les multinationales, y compris françaises, de pays comme le Bangladesh. La catastrophe du Rana Plaza dont nous allons malheureusement célébrer le triste anniversaire dans les jours qui viennent est venue nous le rappeler. On feignait aussi de déplorer les émeutes de la faim liées à la spéculation sur les matières premières d’un certain nombre de groupes financiers, de clubs d’investissement et de multinationales. Nous n’en sommes pas sortis. C’est pourquoi, aux côtés de nos collègues du parti socialiste et de la présidente de la commission des affaires européennes Danielle Auroi, nous nous battrons pour cette fameuse responsabilité sociale et environnementale.