Intervention de Thierry Mariani

Séance en hémicycle du 10 février 2014 à 16h00
Politique de développement et solidarité internationale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Mais cela n’exclut pas que l’on puisse apporter des améliorations.

L’’éparpillement des opérateurs de la coopération technique internationale nuit, je l’ai déjà dit, à la cohérence de l’action extérieure de la France, mais aussi à son efficacité en termes d’influence et d’impacts économiques pour nos entreprises. Il manque en France une véritable stratégie politique de coopération technique internationale. Or l’impératif aurait été de regrouper, à coût constant, les opérateurs dans une seule et unique agence et de remonter la stratégie de coopération internationale au plus haut niveau politique. À cet effet, un amendement a été déposé, vous demandant d’examiner la faisabilité et les alternatives d’un regroupement de tous les opérateurs de l’expertise internationale au sein d’une agence française de coopération internationale. Votre Gouvernement ferait preuve d’une grande sagesse en acceptant cet amendement dont les conclusions pourraient permettre de véritables avancées.

Par ailleurs, puisque je note que la rénovation de la politique de développement doit s’appuyer notamment sur une redéfinition des priorités géographiques et sectorielles, j’en profiterai pour appeler votre attention sur les aides accordées à certains pays qui nous sont chers historiquement : Laos, Cambodge et Vietnam. 85 % des aides sont destinées à l’Afrique subsaharienne. Certes, cette région du monde est nécessiteuse, mais peu d’aides sont allouées aux trois pays que je viens de citer. Le Président de la République et son Gouvernement affichent pourtant, à juste titre, la volonté d’asseoir une présence forte dans cette zone, où se sont rendus les plus hauts responsables de l’État. C’était un bon signe, mais s’il avait été suivi d’effet, cela aurait été plus concret pour les responsables politiques de ces pays.

Enfin, je souhaite profiter de ce débat pour tirer la sonnette d’alarme sur le Fonds de Solidarité Sida qui sera, pour les trois ans à venir, abondé par la France à hauteur de 1,08 milliard d’euros. La France est, je le rappelle, le deuxième contributeur à ce fonds derrière les États-Unis. De toute évidence, si la France souhaite se doter d’une véritable stratégie politique de coopération et d’un dispositif efficace de sa mise en oeuvre, ces questions devront être abordées tôt ou tard. Certes, ce fonds est généreusement approvisionné, mais la lutte contre le sida ne doit pas être l’alpha et l’oméga de la politique de développement.

Je crois, en effet, que ce qui caractérise les diplomaties occidentales dans leur ensemble depuis maintenant plusieurs années – à mon sens depuis la chute de l’URSS – est leur manque de vision globale, au profit de tactiques très fortement gouvernées par l’idéologie et la communication, et qui nous empêchent par moments d’agir avec le sens de l’intérêt à long terme de nos États et de nos concitoyens.

Pour conclure, au-delà du symbole je constate que ce texte est malheureusement vide de contenu. Je voterai donc à regret contre ce projet de loi dont l’ambition n’est pas à la hauteur de votre discours, monsieur le ministre.

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