Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 11 février 2014 à 9h30
Questions orales sans débat — Redécoupage cantonal

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Je suis heureux de m’adresser à M. le ministre de l’intérieur, qui est certainement l’un des plus brillants que nous ayons eus dans ces fonctions au cours des dernières décennies. Cependant, je ne comprends toujours pas qu’il ne voie pas que le cancer de la résignation a gagné notre pays. Pendant le parcours de 6 000 kilomètres que j’ai accompli à pied, je l’ai constaté partout, notamment dans les zones rurales. Il n’y a rien de pire que de sentir que l’on n’est pas comme les autres et que l’on n’a plus le droit d’être représenté.

M. le ministre vient de nous dire qu’il faut augmenter le nombre de femmes élues. Je suis bien d’accord. Cela dit, il n’est pas normal que le vaste territoire que couvre ma circonscription ne soit plus représenté. Avant le redécoupage, ma circonscription comprenait quinze cantons, parmi lesquels ceux de Saint-Étienne-de-Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Mauléon et Tardets, avec les vallées d’Ossau et d’Aspe, mais aussi le Balïtous. À l’avenir, il n’y en aura plus que deux. Toutes ces zones frontalières, ces centaines de milliers d’hectares ne seront plus représentés. Que diraient de cela nos amis canadiens ou australiens qui vivent eux aussi sur des centaines de milliers d’hectares ? Cessent-ils pour autant d’avoir droit à la parole ?

Je ne comprends pas qu’un ministre aussi fin politique, aussi avisé et intelligent que Manuel Valls n’ait pas compris cela. Tout le monde se souvient pourtant des images de Ségolène Royal et François Hollande, venus dans la Creuse, il y a quelques années de cela, pour défendre les territoires ruraux. Il avait neigé, ils marchaient en escarpins, bras dessus, bras dessous, se soutenant. Ils avaient alors juré de défendre les territoires ruraux. Quelques années plus tard, où en sommes-nous ?

Il n’est pas étonnant que plus personne ne croie en rien. Vous verrez, monsieur le ministre, que les années 2014 à 2017 seront une période très longue pour un pays résigné. On ne peut plus croire en rien quand on sait qu’on n’aura même plus le droit de voter pour être représenté.

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