Ma question s’adresse également à M. le ministre du redressement productif, et j’y associe mes collègues de Haute-Garonne, Mmes Martine Martinel, Françoise Imbert et Catherine Lemorton, ainsi que M. Christophe Borgel. Elle porte sur la situation sociale d’Astrium.
Avec six milliards d’euros de chiffre d’affaires et 18 900 employés présents, pour la plupart, en France et en Europe, Astrium s’est imposé comme le leader européen – et le deuxième groupe au monde – dans le domaine spatial. La signature, en janvier 2014, d’un contrat de 300 millions d’euros avec la direction générale de l’armement ou encore la commande toute récente, en décembre 2013, de dix-huit lanceurs Ariane supplémentaires pour un montant de deux milliards d’euros, confirment la bonne santé de l’entreprise, sur fond d’un marché européen et mondial en croissance. Cependant, devant ce qui apparaissait comme une situation des plus enviables, Airbus Group a fait part de son projet, dans le cadre de la fusion de ses activités spatiales – Astrium – et de défense – Cassidian –, d’augmenter l’objectif de rentabilité opérationnelle à 10 % dès 2015, soit le double de celle de 2012, tout en réduisant les effectifs d’Astrium de 1 070 emplois en France. Chez Astrium Toulouse, 400 emplois seraient menacés, sans compter les dégâts subséquents dans le réseau de sous-traitance.
Les salariés d’Astrium ne s’expliquent pas ces décisions : alors que les carnets de commandes sont pleins et que la profitabilité de l’entreprise est bonne, puisqu’elle a atteint 6,5 % l’an dernier, l’annonce a suscité la stupeur et l’incompréhension. Depuis cinq ans, Astrium est la seule société du groupe Airbus à dépasser le seuil de 5 % de rentabilité opérationnelle.
Depuis cinquante ans, la puissance spatiale européenne a été créée et soutenue par la puissance publique et par des fonds publics. Astrium est aujourd’hui le résultat de cette volonté. En ce sens, c’est un symbole fort, et il est difficile d’accepter que cette logique disparaisse. Le risque est grand que l’indépendance industrielle de l’Europe dans le domaine spatial soit mise à mal, alors qu’il s’agit d’un enjeu stratégique majeur.
Les salariés ne comprennent donc pas les sacrifices qui risquent de leur être imposés, alors même qu’ils contribuent jour après jour à faire d’Astrium un leader de la haute technologie dont la France et l’Europe ont besoin dans la bataille pour une croissance à long terme.
Airbus Group justifie ce plan de restructuration par la baisse des budgets de défense. Pourtant, Astrium ne relève pas de ce secteur. Cette société ne serait donc que la victime collatérale de la fusion entre Cassidian et Airbus Military. Plus grave encore pour l’avenir industriel de notre pays : Airbus Group envisagerait un gel de la recherche et du développement concernant un nouvel avion à court et moyen terme, induisant particulièrement des conséquences sur l’emploi des jeunes qui, aujourd’hui déjà, ne parviennent plus à obtenir des stages dans l’entreprise Airbus.
Ainsi, ce projet d’Airbus Group est tout à la fois économiquement injustifié, industriellement dangereux et socialement incompréhensible. Rappelons tout de même que l’État français possède 12 % du capital de ce groupe ! Pour toutes ces raisons, je souhaite avoir confirmation de la vigilance de l’État sur ce dossier.