Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, au moment où nous entamons la nouvelle lecture de cette proposition de loi, je voudrais, au nom du groupe socialiste, rendre hommage à tous ceux qui l’ont inspirée.
Je pense d’abord aux salariés, bien sûr, à ceux de Molex, de Fralib, de Continental, de Pilpa, de Goodyear, d’ArcelorMittal et tant d’autres qui ont refusé la fatalité de voir leur entreprise fermer.
Ils l’ont fait pour défendre leurs emplois bien sûr, mais aussi par amour de leur entreprise. La semaine dernière, Édouard Martin me rappelait encore la marche sur Paris des salariés de Florange. Laurence Parisot était là aussi. « Croyez-vous que nous aurions fait cette marche si nous n’avions pas l’amour de notre entreprise ? » nous a-t-il demandé.
Reconquérir l’économie réelle, c’est aussi rendre hommage aux chercheurs, aux créateurs à tous ces inventeurs de génie qui sont au travail partout dans notre pays. Ce sont les héritiers de ceux qui ont fait le TGV, l’Airbus, Ariane et qui inventent partout dans nos territoires les textiles techniques et innovants, les alicaments, la médecin personnalisée, les réseaux électriques intelligents, le big data, l’e-éducation, le cloud-computing, les objets connectés, la réalité augmentée, la cybersécurité, la voiture propre et les navires écologiques.
Reconquérir l’économie réelle c’est aussi dire notre confiance aux vrais entrepreneurs : les commerçants, les artisans, les patrons de toutes ces pépites qui fleurissent dans notre pays, tous ceux dont on ne parle pas assez, qui portent un capitalisme vrai, du réel, de projet, respectueux des salariés et des territoires.
L’amour de l’entreprise, l’amour de l’entreprise France, voilà le fil rouge de cette proposition de loi.
Aimer les entreprises, c’est refuser de voir mourir les usines viables, monsieur Chassaigne. Dans notre pays, avec le titre I, on ne pourra plus fermer un site rentable sans avoir recherché un repreneur. Et s’il y a un repreneur sérieux, alors l’usine devra être cédée sous peine de pénalités. Les salariés devront pouvoir, s’ils le souhaitent, avoir aussi la possibilité de faire une offre de reprise sous forme de sociétés coopératives participatives.
Aimer les entreprises, c’est les doter d’un actionnariat stable, comme nous le faisons avec le titre II, en instaurant, par exemple, un droit de vote double au-delà de deux ans.
Aimer les entreprises, c’est donner des armes aux dirigeants et aux représentants du personnel pour les protéger contre les OPA hostiles. Nous étions l’un des seuls pays au monde à ne pas le faire ; voilà qui est réparé.
Au fond, notre message c’est : bienvenue aux vrais patrons, non aux margoulins ; bienvenue aux investisseurs sérieux, non aux spéculateurs ; bienvenue à l’économie réelle, non à l’économie de casino.
Chers collègues, à ceux qui ne croient plus en l’avenir de notre industrie, à ceux qui baissent les bras face au chômage, à ceux qui pensent impossible de conserver notre modèle social, à tous ceux-là, je voudrais rappeler le message d’optimiste de celui qui a passé vingt-sept ans de sa vie en prison sans jamais renoncer à se battre pour la fin de l’apartheid. « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse. », disait Nelson Mandela. Le redressement de la France, le retour au plein-emploi, la remise en marche du progrès, nous allons le faire ; et je sais qu’aujourd’hui, en votant cette proposition de loi, nous y aurons apporté notre pierre.