Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, chère collègue Bareigts, le groupe UMP ne peut souscrire à votre conception de la politique relative aux enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970, telle qu’elle apparaît dès la lecture de l’exposé des motifs de votre proposition de résolution. En effet, vous n’hésitez pas à la qualifier – pas cette fois, mais dans d’autres circonstances – de « déportation », et vous en dressez un tableau particulièrement manichéen, en expliquant que des jeunes enfants auraient été arrachés à leur famille. Cela nous parait un abus de langage choquant.
À cet égard, permettez-moi une citation. « Tous ces procès posthumes, ces déballages de turpitudes, vraies ou fausses, mais rarement désintéressées, ne peuvent qu’alimenter la division des Français, trop enclins à s’entre-déchirer, et ternir l’image de notre pays. L’histoire, la vraie, exige plus de recul et de sérénité. » Eh bien, je ne saurais mieux dire ! Ces propos, mes chers collègues, sont ceux d’André Chandernagor, ancien ministre et président socialiste – j’insiste sur ce mot – du conseil général de la Creuse, dans ses mémoires intitulés La liberté en héritage, publiés en 2004.
Les mots « déportation », « rafle », « esclavage », ont été employés ; ils sont excessifs, pour ne pas dire scandaleux, d’autant qu’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, rendu public en octobre 2002, à la demande de Mme Elisabeth Guigou, alors ministre de l’emploi et de la solidarité, indique sans ambiguïté que ce dispositif de migration des pupilles est perçu comme l’un des aspects d’une réponse organisée pour faire face à l’urgence des besoins des populations, ainsi qu’aux évolutions économiques et sociales prévisibles.