Intervention de Didier Quentin

Séance en hémicycle du 18 février 2014 à 15h00
Enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Quentin :

C’est le rapport de l’IGAS qui le dit, permettez-moi de le citer ! Il a été demandé par Mme Guigou qui, que je sache, n’est ni RPR ni UMP.

L’IGAS n’y a pas vu la marque d’une volonté dirigée délibérément à l’encontre des jeunes de l’aide sociale à l’enfance, par exemple pour repeupler certains départements métropolitains.

En vérité, l’analyse et la compréhension de la migration des mineurs de La Réunion entre 1960 et 1980 nécessitent de bien prendre en compte ce qu’était alors la situation sociale et économique dramatique – j’insiste sur ce mot – de ce département d’outre-mer, caractérisé par un taux de chômage de 60 %, comme l’a rappelé notre collègue. C’est cela qui peut expliquer la mise en oeuvre d’une telle politique publique durant cette période. L’honnêteté intellectuelle me semble imposer de ne pas juger des événements du passé – qui ont débuté il y a plus de cinquante ans –, avec les critères d’aujourd’hui et en méconnaissance du contexte historique.

En effet, au début des années 1960, les pouvoirs publics étaient confrontes à une explosion démographique due au niveau élevé des taux de fécondité et de natalité, conjugué à une baisse sensible de la mortalité, dans un contexte de fort chômage – 60 %, je le répète –, alors largement accompagné par la misère, l’insalubrité, l’analphabétisme et l’alcoolisme.

Ainsi, la population de l’île était passée de 275 000 personnes en 1954 à 350 000 en 1961, et a dépassé 480 000 en 1973. Cette situation justifiait de réelles craintes quant à la capacité de créer suffisamment d’emplois sur place pour les nouvelles générations.

Les pouvoirs publics ont alors conçu, pour répondre à ces défis, outre une politique de développement économique et social de La Réunion, une politique ambitieuse de migration vers la métropole, conduite par le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer – le BUMIDOM – et intéressant tant des adultes que des adolescents et des enfants, ces derniers étant au nombre de 1 600.

Il faut souligner d’ailleurs que ce que l’on a appelé la migration des pupilles, qui commença en 1963, n’a représenté, en nombre de personnes concernées, qu’un pourcentage relativement modeste de cette politique publique.

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