Intervention de Philippe Folliot

Séance en hémicycle du 18 février 2014 à 15h00
Enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Monsieur le président, madame la ministre déléguée, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’histoire des enfants réunionnais placés en métropole dans les années 1960 et 1970 est l’expression de la culture républicaine d’un temps et d’un lieu donnés. Et le cours de l’histoire a fait qu’un dispositif qui était alors inédit apparaît aujourd’hui comme une réalité invraisemblable.

Oui, les mineurs transférés sont l’expression sensible d’une période historique, comme le sont les rapports de la métropole avec elle-même, la vision que la France a d’elle-même, la façon dont elle se gère et s’administre, la manière dont elle façonne sa mémoire et dont elle la transmet.

C’est probablement pour cela que cette histoire est longtemps demeurée souterraine alors que certains « enfants de la Creuse », ainsi qu’on les a nommés, souffraient en silence et cherchaient à connaître leurs racines. Ces jeunes Réunionnais ont d’ailleurs vécu dans d’autres départements : le Tarn en a accueilli 202, tandis qu’ils étaient seulement 197 dans la Creuse. Pendant près de vingt ans, cette politique de migration a abouti au transfert de 1 615 mineurs réunionnais vers les territoires ruraux métropolitains de plus de soixante départements.

Il a fallu attendre 2002 pour que le silence laisse place à la colère d’un homme, qui a relevé, au fond, les paradoxes successifs de notre république.

Près de quarante ans après la création du BUMIDOM, le Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d’outre-mer, Jean-Jacques Martial dépose plainte contre l’État français, une plainte « pour enlèvement et séquestration de mineurs, rafle et déportation », assortie d’une demande de réparation afin de faire connaître son histoire et celle de certains autres.

Pourquoi cette plainte ? À la suite de recherches généalogiques, Jean-Jacques Martial apprend brutalement les conditions de son transfert vers la Creuse et son véritable nom de famille. Lui qui se croyait orphelin découvre qu’il possède une famille à La Réunion.

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