À travers sa présidente et son directeur général, je remercie WWF France, qui fait partie des associations écologistes responsables. Le constat est unanime : sa doctrine environnementale est à la fois authentique, pragmatique et de très bon niveau. Le Gouvernement et le Parlement trouvent en elle un partenaire de qualité, sur lequel ils peuvent compter pour représenter la société civile.
WWF France a également joué un rôle essentiel pour faire progresser les idées écologistes, avant même le développement de l'écologie politique. Si nos concitoyens sont presque tous conscients des enjeux que représente la protection de notre environnement, c'est en grande partie à des associations comme la vôtre que nous le devons.
Enfin, son expertise est utile aux parlementaires.
Quelles sont les perspectives de créations d'emplois dans ce qu'on nomme « l'économie verte », qui vise à transformer notre modèle économique en un modèle calculant et intégrant le prix des ressources non renouvelables ?
La fiscalité écologique, à laquelle nous travaillons, devra, non s'ajouter à la fiscalité existante, mais s'y substituer. Selon vous, quel serait le modèle le plus efficace en la matière ? Faut-il taxer ou faut-il repenser le modèle incitatif, de manière à ne pas rééditer certains échecs, comme celui des droits à polluer ?
Votre organisation défend la thèse selon laquelle la combinaison des économies d'énergie et du développement des énergies renouvelables permettrait à terme de se passer de l'énergie nucléaire. Or la décision arrêtée en Allemagne après Fukushima est loin d'être une réussite : elle se solde par la relance d'un programme de centrales à charbon très polluantes. En France, votre position est très minoritaire et a peu de chances de s'imposer à court terme, mais le débat est intéressant. Quels sont vos arguments ? Selon les scénarios que vous avez élaborés, à quelle date la France pourrait-elle se passer du nucléaire ?
Le WWF soutient un projet qui, même s'il rencontre beaucoup de résistances, semble plus pragmatique : celui de créer un fonds indépendant pour le démantèlement de nos centrales en fin de vie et pour le stockage des déchets. Ce fonds financerait des projets de transition énergétique et permettrait de prévenir un risque évoqué par la Cour des comptes en janvier 2012, dans son rapport sur les coûts de la filière électronucléaire : celui de voir l'État se retrouver en situation de financeur de dernier recours, du fait de la sous-estimation des charges et de la liquidité insuffisante des provisions.
La question est délicate, car les provisions financières figurent au bilan des opérateurs. On imagine facilement leur opposition à ce projet, compte tenu de ses conséquences sur leur trésorerie. Le fonds garantirait le financement du démantèlement des centrales nucléaires dans les trente prochaines années et, d'ici là, faciliterait la transition énergétique. Un fonds public indépendant, sur le même modèle, existe d'ailleurs en Finlande ou en Suède. Pensez-vous que cette idée pourrait prospérer ? Comment espérez-vous surmonter les résistances des acteurs économiques ?
Enfin, votre organisation entretient des relations pragmatiques avec les entreprises, en évitant toutefois de cautionner des démarches de leur part qui s'apparenteraient à de l'écoblanchiment. Nous sommes convaincus qu'il y a là une voie de progrès pour la cause écologique, mais comment procédez-vous pour rendre les entreprises sensibles à vos préoccupations ? Quels sont vos succès ou vos échecs ? Quelles leçons en tirez-vous pour inciter les entreprises à prendre réellement en compte les enjeux environnementaux ?