Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 25 février 2014 à 9h30
Questions orales sans débat — Lutte contre la désertification médicale

Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale :

Madame la députée, je vous prie de bien vouloir excuser l’absence de ma collègue Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, mais j’ai plaisir à vous répondre en son nom.

Comme vous l’expliquez fort justement dans votre question, ceux qui connaissent les territoires ruraux savent que l’enjeu n’est pas le nombre de médecins, mais le lieu de leur installation et donc leur répartition sur le territoire. Contrairement à ce que l’on entend souvent, ce n’est pas, en effet, le nombre de médecins qui est important, car notre pays se situe à cet égard dans la moyenne très haute de l’OCDE. Surtout, on en compte près de 1,5 fois plus par habitant qu’il y a vingt ans. Au 1er janvier 2013, la densité médicale métropolitaine en activité régulière était de près de 300 médecins pour 100 000 habitants. Ce chiffre est éloquent quand on le compare à celui que vous avez donné.

Il est nécessaire d’intervenir fortement afin de rééquilibrer cette inégalité territoriale qui conduit, avec en outre le vieillissement dont vous avez parlé, à des situations d’alerte pour les années à venir. C’est pourquoi le Pacte territoire santé, lancé par Mme Marisol Touraine il y a plus d’un an, est un des socles de la stratégie nationale de santé. De ce point de vue, les premiers résultats peuvent nous rendre plus ou moins optimistes, dans la mesure où déjà 180 praticiens territoriaux de médecine générale ont franchi le pas en 2013 en venant s’installer dans des territoires ruraux. Devant le succès du dispositif – c’est la première fois qu’un dispositif donne de tels résultats – 200 nouvelles installations sont prévues pour l’année 2014.

Dans le même temps, vous le savez, nous favorisons l’installation de futurs professionnels par le versement, pendant les études, d’une bourse en contrepartie de l’engagement à exercer son activité future dans un territoire manquant de professionnels de santé. Aujourd’hui, 591 étudiants ou internes en médecine ont signé ces contrats d’engagement de service public à destination des territoires dont la démographie médicale est faible. J’ajoute que le dispositif vient d’être élargi aux futurs chirurgiens-dentistes.

Enfin les structures d’exercices coordonnés maillent le territoire et la dynamique engagée montre bien que ce cadre d’exercice répond bien aux attentes de la profession, puisqu’entre 2012 et 2013 le nombre de maisons de santé a plus que doublé, passant de 174 à 370. En 2014, il y en aura plus de 600. En tant qu’ancien élu d’une circonscription rurale, je sais que c’est l’une des pistes qui permettent de répondre à cette situation.

Enfin, l’accès aux soins urgents en moins de trente minutes sera une réalité en 2014 pour un million de personnes supplémentaires, ce qui entraîne une évolution considérable du nombre de médecins correspondants du Samu, puisque nous passons de 150 en 2012, à 650 en 2014.

Ces premiers résultats sont le fruit de la mobilisation des professionnels de santé, des universités, des élus et des agences régionales de santé. Sans leur implication totale, on ne pourrait atteindre les objectifs fixés. Les résultats que je viens d’égrainer peuvent nous rendre raisonnablement optimistes, et à terme, si nous allons dans cette direction, nous apporterons une solution à ce déséquilibre territorial.

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