Nous avons le plaisir d'accueillir ce matin M. Jean-Pierre Chevènement en sa qualité de représentant spécial pour la diplomatie économique avec la Russie. Le ministre des affaires étrangères a désigné sept représentants spéciaux pour la diplomatie économique, qui est une de ses grandes priorités. Nous avons déjà auditionné Mme Martine Aubry, représentante spéciale pour la Chine, dans le cadre de notre mission d'information sur ce pays. Nous entendrons prochainement M. Jean-Pierre Raffarin, représentant spécial pour l'Algérie, qui a déjà été auditionné par M. Poniatowski et M. Dufau, dans le cadre de notre mission d'information sur l'Algérie. Le rapport de M. Dufau a été relativement bien accueilli à Alger. Nous auditionnerons prochainement le nouvel Ambassadeur d'Algérie à Paris.
S'agissant de la Russie, Mme Guittet et M. Mariani rendront bientôt leur rapport d'information sur la politique française et européenne vis-à-vis de ce pays. Nous avons déjà entendu M. Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie à Paris, et M. Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France à Moscou, qui nous a exposé les grandes lignes de son rapport de fin de mission. J'ai reçu hier la visite de mon homologue russe, M. Alexeï Pouchkov, qui a invité notre Commission à effectuer une mission à Moscou au mois de février. Je ferai une proposition en ce sens.
La Russie est un partenaire économique important de la France : nous réalisons environ 2 % de notre commerce extérieur avec ce pays, qui est notre dixième fournisseur et client. Grâce aux coopérations que nous avons développées dans des domaines tels que l'industrie spatiale, l'aéronautique ou l'armement, nous exportons des produits à forte valeur ajoutée. Le commerce bilatéral a été multiplié par cinq en dix ans, mais a connu un certain essoufflement en 2013, après une très bonne année 2012.
Les entreprises françaises ont investi 12 milliards d'euros en Russie, alors que les investissements russes en France ne représentent actuellement qu'un milliard d'euros. Nos partenaires russes se plaignent souvent de cette situation et jugent en particulier que le service de traitement du renseignement et d'action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN) est exagérément soupçonneux à leur égard. Est-il souhaitable d'attirer davantage d'investisseurs russes en France ? Selon quelles règles ?
Je souhaite que nous abordions les relations bilatérales, qui sont bonnes, mais aussi l'actualité en Ukraine. Selon moi, l'Union européenne s'y prend très mal dans ce dossier depuis de nombreuses années. Nous ne devons évidemment pas en revenir à la Guerre froide avec la Russie. Néanmoins, nous devons tenir un langage de fermeté, certaines pressions exercées par Moscou sur l'Ukraine étant inacceptables. Quel est votre sentiment à ce sujet ? Comment sortir de l'impasse actuelle, à laquelle personne ne trouve son compte, ni l'Ukraine, ni l'Union européenne ? Les Russes emploient des arguments chocs : il n'est guère étonnant qu'ils emportent le morceau en mettant 15 milliards de dollars sur la table ! En outre, nous manquons cruellement d'une véritable politique européenne à l'égard de la Russie, comme le montrera le rapport de Mme Guittet et de M. Mariani. Quels devraient être les éléments d'une telle politique ?