Intervention de Yves Bertoncini

Réunion du 19 février 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Yves Bertoncini, directeur de Notre Europe :

Les élus du peuple rencontrent les citoyens ; les think tanks moins, c'est vrai. Il m'arrive tout de même de retourner dans mon petit village de Savoie, Chamoux-sur-Gelon, peuplé de Français normaux. Quand Jacques Delors a créé ce think tank, il l'a appelé Notre Europe, précisément pour montrer que l'Europe devait être nôtre et qu'il fallait des dialogues citoyens. Nous en organisons avant les élections européennes, à Albi notamment et ailleurs.

L'Union européenne, c'est un produit du despotisme éclairé dans le but d'instaurer la paix, de sceller la réconciliation. Si on avait fait voter Français et Allemands en 1950, je ne suis pas sûr qu'ils auraient porté la CECA sur les fonts baptismaux. Aujourd'hui, les objectifs sont différents et il faut autour d'eux un grand débat démocratique car certains choix, je pense au TTIP, ne profitent pas à tout le monde.

L'Union européenne, c'est aussi la subsidiarité. Beaucoup des propos qui viennent d'être tenus me confirment que la France ne va pas très bien. Ailleurs, on n'entend pas tout à fait la même chose. D'autres pays se plaignent moins de l'Union européenne. Par ailleurs, plusieurs d'entre vous ont pointé l'insuffisant contrôle que vous exercez sur le Gouvernement français. Ce problème ne peut être réglé qu'à Paris.

L'Union européenne est une fédération d'États nations ; et l'Union monétaire une fédération monétaire. La BCE est une institution fédérale et les traités ont été ratifiés, parfois par référendum, parfois par voie parlementaire, laquelle est pleinement légitime et démocratique.

L'Union monétaire est une source de clivage mais elle est aussi, paradoxalement, une source de consensus. Tous les peuples veulent y rester même s'ils ne l'aiment pas. Regardez les sondages sur ce thème et le résultat des élections. Aucun peuple n'a jamais voulu retourner à sa monnaie nationale car tous savent qu'elle serait alors soumise à la spéculation internationale et aux dévaluations compétitives agressives que nous avons connues.

L'Europe, c'est aussi la différenciation. L'euro en est une illustration, Schengen également. En matière de politique étrangère et de sécurité, de défense, il y a des initiatives qui ne concernent pas tous les États membres. Dans une fédération d'États nations, il faut mettre l'accent sur les coopérations renforcées ou les formes d'intégration différenciée afin de concilier efficacité et légitimité. Mais il faut un creuset pour accueillir tout le monde, et qui puisse aussi servir de socle à des constructions différenciées.

Je terminerai en citant Jean Monnet : « Rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les institutions. » Quant à notre financement, il est détaillé sur notre site Internet. Notre Europe s'appelle désormais Institut Jacques Delors. Alors, oui, nous sommes pro-européens et nous continuerons à l'être même quand la Commission ne nous versera plus un seul euro. D'ailleurs, les subventions que nous recevons de sa part ne cessent de diminuer. Jacques Delors et ceux qui le servent ne sont pas guidés par des considérations matérialistes.

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