Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 19 février 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Le processus d'adhésion de la Turquie est l'occasion d'un débat de fond. Les opposants ne pensent pas possible d'intégrer un pays aussi différent, certains d'entre eux évoquant explicitement l'islam, oubliant au passage la prochaine adhésion de l'Albanie ; les autres, dont je fais partie, considèrent qu'il est difficile, dès lors que le général de Gaulle a promis à la Turquie en 1963 qu'elle avait vocation à être membre, de remettre en cause un tel engagement qui a été répété plusieurs fois. Par ailleurs, arrimer à l'Europe ce grand pays au nationalisme souvent agressif a un intérêt géostratégique évident. Le plus sage est donc de continuer les négociations sachant que le Président de la République turque et d'autres dirigeants considèrent comme très important de consolider le lien avec l'Europe. Nous serons très exigeants sur les critères et les rapports de la Commission détaillent les insuffisances turques en matière de justice, de libertés… Si nous arrivons au bout, après avoir surmonté le problème des Kurdes et de Chypre, viendra le temps de la ratification par chacun des États membres qui permettra de se prononcer.

On voit bien se profiler une Europe différenciée dont la zone euro serait le premier cercle qui va forcément s'intégrer davantage, et l'Union à vingt-huit le deuxième. Un troisième cercle pourrait à terme englober la Turquie, voire l'Angleterre si elle décidait de sortir de l'Union européenne. L'architecture de l'édifice européen va être remaniée dans les prochaines années, le sujet prioritaire demeurant la démocratisation d'une zone euro nécessairement plus intégrée. La démocratie ne se résume pas aux institutions, elle est aussi synonyme d'adhésion des peuples. Elle sera obtenue par les projets et le projet européen. Je souscris totalement aux propos d'Yves Bertoncini qui a souligné qu'au xxiè siècle, le projet européen ne saurait être qu'interne. Il doit impérativement s'ouvrir sur le monde. J'espère que les élections européennes seront l'occasion de débattre sur le thème de notre influence et de notre action à l'extérieur.

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