L'expression « quatrième génération » est source de confusion. Elle représente en réalité une avancée en termes de gestion et de recyclage des déchets, et non en matière de sûreté. C'est la troisième génération qui avait marqué un progrès dans ce domaine. Cependant, pour l'ASN, il faut faire en sorte que la quatrième génération – notamment le prototype ASTRID – permette également une amélioration de la sûreté par rapport aux générations précédentes. Son déploiement industriel pourrait se faire dans plus de vingt ans, en 2040 ou 2050, et il est difficile d'imaginer que, d'ici là, les référentiels de sûreté n'auront pas évolué. Comme le disait Jacques Repussard, il faut résoudre des problèmes techniques majeurs – notamment si l'on retient une option comprenant du sodium – en matière de contrôle et de réparation en service, et de passage du sodium à l'eau. La loi envisage la construction d'un prototype à l'horizon de 2020, qui permettrait de tester les améliorations de sûreté.
Le CEA préfère que les réacteurs de la quatrième génération soient au sodium. Mais d'autres types de réacteurs de quatrième génération sont conçus dans le monde et certains d'entre eux disposent de caractéristiques de sûreté plus prometteuses. Nous souhaitons donc que des études reposant sur ces comparaisons soient effectuées et nous avons mis en place un groupe permanent sur ce sujet, qui rendra ses conclusions à la fin du premier semestre de 2014. Il est logique que nous pensions à continuer de fabriquer des réacteurs à neutrons rapides, mais il ne faut pas refuser d'examiner d'autres types de réacteurs.
S'agissant de la pondération entre les bénéfices et les risques, la France a toujours été prudente vis-à-vis de l'approche probabiliste – même si elle l'utilise et la perfectionne –, au contraire des États-Unis qui l'utilisent beaucoup. Cette méthode s'avère précieuse pour les événements de faible portée mais à probabilité élevée – comme le dysfonctionnement d'une vanne –, et qui peuvent entraîner une succession de petits incidents pouvant provoquer un accident majeur. Elle se révèle beaucoup moins efficace lorsque l'accident résulte, comme à Fukushima, d'une agression puissante, mais à très faible probabilité, qui débouche sur un accident grave. Après la catastrophe japonaise, nous n'avons donc pas mené d'analyse probabiliste, mais nous avons étudié les fondamentaux permettant de protéger un réacteur, notamment la capacité de disposer d'électricité alimentant des pompes à eau.