Merci, monsieur le ministre, d'avoir accepté notre invitation. Avec vos collègues allemand et polonais, vous avez conduit une mission qui a abouti à l'arrêt des violences en Ukraine, même si la situation politique n'est pas encore stabilisée. C'est un sujet de satisfaction et de fierté pour nous tous.
Le nouveau gouvernement ukrainien doit être formé d'ici à demain. Avez-vous des informations sur sa composition ? Quels partis y seront représentés ? Le parti Svoboda suscite de nombreuses interrogations : il s'est longtemps référé à une idéologie d'extrême-droite et a arboré un emblème qui rappelait la croix gammée nazie, mais il a depuis changé de dénomination et recentré son discours. Pour leur part, les Russes considèrent que les manifestants de Maïdan ont été manipulés par des éléments d'extrême-droite, nationalistes et violents.
La plupart des gouverneurs semblent s'être ralliés au nouveau pouvoir, lui-même issu d'un basculement de la majorité au Parlement. Cependant, la situation n'est pas aussi claire en Crimée, où les dirigeants sont divisés. Existe-t-il toujours un risque de partition de l'Ukraine ? L'objectif principal de la diplomatie européenne est, bien sûr, de maintenir l'intégrité territoriale du pays.
L'Ukraine semble sur le point de faire défaut. Comment aider le pays à redresser son économie ? Quelles peuvent être, à cet égard, les contributions respectives de l'Union européenne, de la Russie et des institutions internationales ?
Enfin, nos relations avec la Russie sont très chahutées par ces événements. La délégation de notre Commission qui s'est rendue à Moscou jeudi et vendredi derniers – avant que la situation ne bascule à Kiev – a eu le sentiment que les Russes partageaient nos principaux objectifs : l'arrêt des violences et le maintien de l'intégrité territoriale. Cependant, ils ne faisaient pas du tout la même lecture des événements que nous et analysaient très différemment les responsabilités des uns et des autres. S'ils se montraient critiques à l'égard de M. Ianoukovitch, c'était pour regretter qu'il n'ait pas rétabli l'ordre plus tôt. Nous devons éviter que l'Ukraine devienne un sujet de confrontation durable entre l'Union européenne et la Russie. Les Européens sont-ils d'accord sur cette orientation ? Comment trouver un terrain d'entente avec Moscou, dans la durée, une fois que la situation sera stabilisée ? La possibilité d'une telle entente existe-t-elle ? Pour ma part, je l'espère.