Je ne vois pas en quoi je suis discourtois, madame la présidente : j'exprime une position différente de celle de mes collègues socialistes, qui ont couvert le ministre d'éloges.
L'accord que vous avez négocié n'a pas reçu le soutien des manifestants de Maïdan. Dès le lendemain, il était caduc. De manière assez curieuse, vous avez d'ailleurs quitté Kiev et laissé le soin à un directeur de le signer à votre place.
J'en viens à l'avenir. Que l'on n'aille pas prétendre que les Ukrainiens ont obtenu satisfaction grâce à la médiation européenne ou grâce à la France ! Ils ont fait la révolution malgré l'Europe, qui n'a rigoureusement rien fait ! Fera-t-elle quelque chose désormais pour sauver l'Ukraine ? Telle est la question qui se pose.
Le ministre des affaires étrangères polonais, M. Sikorski, a proposé de créer un fonds de stabilisation pour l'Ukraine, comme cela avait été fait pour la Pologne en 1990. Allez-vous reprendre cette idée ? Quel montant l'Union européenne va-t-elle mettre sur la table pour aider l'Ukraine, étant entendu que les Russes disposent, de leur côté, de moyens de pression ? Comptez-vous faire un geste en direction du peuple ukrainien en libéralisant la politique des visas ? Cette mesure ne coûterait rien et permettrait d'arrimer l'Ukraine à l'Europe.
Vous vous rendrez prochainement en Géorgie et en Moldavie, et je soutiens totalement cette initiative. (« Ah ! » de plusieurs commissaires du groupe SRC.) Chers collègues, je ne vous souhaite pas de subir cela quand vous serez dans l'opposition ! Et vous y serez assez rapidement !
En Ossétie du Sud et en Abkhazie, les Russes ont distribué massivement des passeports russes aux minorités, puis sont intervenus militairement pour prendre le contrôle de ces enclaves. Ils ont mené une politique analogue en Transnistrie. Je redoute qu'ils ne fassent de même en Crimée, où ils disposent d'une flotte. Quelle stratégie la France et l'Union européenne vont-elles adopter pour préserver l'intégrité territoriale de l'Ukraine ?