Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 26 février 2014 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées (CEMA :

Je pense qu'il ne faut pas opposer l'OTAN et l'Union européenne. Comme Jean-Yves Le Drian, je suis pragmatique : si l'OTAN, l'Union européenne ou un pays peut m'aider, je suis preneur.

Nous nous préparons au prochain sommet de l'OTAN qui se tiendra en septembre. Le retour dans le commandement intégré nous a beaucoup apporté – je pense que nous n'aurions pas pu intervenir en Libye sans cela – et il nous faut aller au bout de notre engagement en termes d'effectifs et de capacités à cet égard.

S'agissant de l'Europe, de nombreuses initiatives multilatérales ou bilatérales sont des réussites qu'il ne faut pas négliger. Au titre du multilatéral, je pense au commandement aérien multinational EATC dans le domaine du transport aérien. Je suis preneur de tout ce qui peut m'aider.

Au titre du bilatéral, j'ai coprésidé pendant quatre ans le groupe franco-allemand de coopération militaire : nous avons 60 projets, dont certains sont porteurs dans des domaines comme le service de santé des armées, la formation, la logistique, la brigade franco-allemande. Il y a incontestablement des choses à faire avec l'Allemagne, le véritable moteur demeurant la dynamique politique.

Par ailleurs, je travaille avec les Britanniques depuis plus de deux ans, ayant été désigné responsable de la mise en oeuvre des accords de Lancaster House. Le point fort est incontestablement la coopération opérationnelle avec le CJEF. Nous avançons et serons au rendez-vous de 2015-2016. Nos amis britanniques sont eux-mêmes très allants.

Enfin, les États-Unis sont des partenaires de premier plan comme l'intégration durant trois semaines en janvier dernier de notre groupe aéronaval dans le dispositif américain dans le golfe ou le travail conjoint au Sahel le démontrent. S'agissant de Sangaris, le Président de la République a annoncé un renfort de 400 hommes. Il s'agira pour l'essentiel de forces combattantes, de moyens logistiques et de commandement et d'hélicoptères provenant des forces prépositionnées à Djibouti et au Tchad.

Je me réjouis que le Parlement ait voté la prolongation de l'opération Sangaris. Nos militaires attendent le soutien de la Nation. Nous resterons en Centrafrique tant que la relève - la force internationale, l'opération de maintien de la paix (OMP) - ne sera pas assurée. Lorsque la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), qui compte 6 000 hommes, sera modernisée, notre dispositif sera allégé de façon progressive.

Certains jugent la situation catastrophique. Pour ma part, j'observe qu'elle évolue positivement : on peut désormais circuler à Bangui, l'économie redémarre, les écoles sont rouvertes. De plus, nos forces se déploient progressivement sur l'ensemble du territoire – les renforts nous y aideront. J'attends avec impatience l'arrivée de la force européenne EUFOR, qui comportera 500 hommes, voire plus. Ce sera le signe de la mobilisation de la force internationale que M. Ban Ki-moon a appelé de ses voeux. C'est bien la capacité de nos amis étrangers, africains notamment, à prendre le relais qui nous permettra d'alléger progressivement notre dispositif.

S'agissant du lien armée-Nation, nous n'avons pas mené une réforme suffisamment profonde des réserves. Il nous faut aller plus loin. De vrais professionnels à temps partiel nous sont indispensables pour certaines qualifications. Je rappelle que le budget des réserves est de 70 millions d'euros par an : on doit pouvoir améliorer le dispositif, l'administration chargée de le gérer, l'attractivité à l'égard des employeurs et de la fonction publique en s'inspirant notamment d'expériences étrangères, mais aussi mieux valoriser et utiliser nos réserves, en distinguant réserve citoyenne et réserve opérationnelle.

Quant à la déflation des effectifs, elle est prévue à environ 2 700 pour l'armée de terre stricto sensu cette année sur un ensemble global de 7 881 réductions de postes pour le ministère.

Enfin, il est difficile d'évaluer le coût mensuel des OPEX aujourd'hui car, pour cela, il me faudrait connaître leur coût annuel. Or le dispositif existant est en pleine évolution : nous allons quasiment nous désengager du Kosovo et avons fortement réduit notre dispositif en Afghanistan – les 400 hommes que nous avons sur place étant encore amenés à se réduire – ; nous nous désengageons aussi du Mali, où nos effectifs devraient passer de 2 000 à 1 000 l'été prochain mais il faudra prendre en compte la réorganisation de notre dispositif au Sahel. Il en sera de même à terme pour l'opération Sangaris. Le ministre s'est exprimé sur ce point : les crédits prévus dans la LPM s'élèvent à 450 millions d'euros, contre 1,3 milliard d'euros de dépenses en 2013. En tout état de cause, les dépenses cette année devraient être moins élevées que l'an dernier, et celles liées à l'opération Sangaris et à la prolongation de nos forces au Mali ne seront pas comprises dans cette enveloppe, en vertu de l'article 4 de cette loi. Reste que le financement interministériel ne sera pas aisé compte tenu de la situation des finances publiques.

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