Quoi qu'il en soit, les pays du sud de l'Europe vont-ils à moyen terme développer l'investissement pour monter en gamme ? Il est trop tôt pour le dire. Mais, si tel était le cas, la consolidation de l'appareil productif s'allierait à une évolution favorable des coûts pour menacer la compétitivité française à moyen terme.
S'agissant de la durée du travail, je vous renvoie à une étude que nous avons réalisée au début de cette année pour comparer son évolution en France, en Allemagne et dans les autres pays de la zone euro. Il en ressort qu'entre 1999 et 2010, la durée effective annuelle moyenne de travail des salariés à temps plein – compte tenu des périodes d'absence, donc – a baissé de 14 % en France quand elle augmentait de 6 % en Allemagne. Pour les salariés à temps partiel, l'écart est à peu près du même ordre.
La durée du travail par habitant me semble devoir être appréciée sur toute la vie professionnelle. Ainsi calculée, elle atteindrait, selon les travaux conduits sur le sujet par le Professeur Michel Godet, quelque 70 000 heures en France. Je n'ai pas l'équivalent pour l'Allemagne.
Notre perte de compétitivité par rapport au reste de la zone euro a été parfaitement homogène dans toutes les filières industrielles entre 1999 et 2007. Elle l'a été un peu moins entre 2007 et 2011, période où le rythme de croissance des exportations a légèrement dépassé celui de la zone euro dans quelques secteurs, comme l'aéronautique et l'industrie pharmaceutique – mais sans compenser, loin s'en faut, le recul généralisé caractérisant la période précédente. Cela étant, l'approche par filière paraît aujourd'hui bienvenue pour identifier les avantages comparatifs que conserve notre économie et sur lesquels la reconquête industrielle pourrait s'appuyer. Outre les deux secteurs que je viens de citer, on les trouve dans l'industrie du luxe ainsi que dans l'agroalimentaire, filière où la qualité et le prix des produits placent la France au premier rang selon les importateurs de biens de consommation.