Cet axiome est-il encore d'actualité alors qu'une mondialisation incontrôlée a bouleversé les échanges commerciaux ? L'affirmation peut être juste globalement, mais reste-t-elle vraie au niveau local ? Ainsi, dans l'industrie automobile, les sites français pâtissent d'investissements réalisés à l'autre bout de la planète, dont ils sont nécessairement tributaires du fait des effets d'échelle, des choix en recherche et développement, de la stratégie globale d'entreprise, des accords internationaux – même si personne n'imaginait que des automobiles assemblées à Aulnay-sous-Bois allaient désormais l'être au Brésil ou en Chine.
La durée du travail en France mérite une étude précise et dépassionnée. Un quotidien qui consacrait ce matin deux pages au sujet la situait notamment par rapport au maximum légal européen de quarante-huit heures hebdomadaires. Mais le passage aux trente-cinq heures n'a pas seulement donné plus de temps aux salariés, Monsieur Carré : il a aussi développé la consommation et l'emploi. En outre, la durée hebdomadaire du travail ne suffit pas à rendre compte du nombre d'heures travaillées au cours de la vie. Celui-ci est affecté également par l'entrée trop tardive sur le marché du travail de nos jeunes, même qualifiés, et a fortiori des 150 000 d'entre eux qui quittent chaque année le système scolaire sans qualification, ainsi que par notre taux d'emploi des seniors, l'un des plus faibles d'Europe.
N'y a-t-il pas au fondement de nos difficultés un problème de gouvernance ? Gouvernance des entreprises, d'abord : l'inadaptation de celles-ci n'est-elle pas due à l'absence de fluidité du dialogue social en France ? Gouvernance des filières, ensuite : ne pourrait-elle être améliorée, sous l'impulsion des pouvoirs publics, grâce aux pôles de compétitivité ou par un progrès dans les relations entre entreprises-mères et sous-traitants ?
S'agissant enfin du secteur bancaire, les règles prudentielles dites de Bâle III, sans doute nécessaires pour éviter l'emballement d'une économie financiarisée, ne risquent-elles pas d'entraver le développement de nos entreprises ? Quel regard portez-vous, Monsieur Ferrand, sur les relations entre banques et entreprises et sur le rôle du Médiateur du crédit ?