L'allure de la courbe de l'excédent brut d'exploitation en Allemagne témoigne du recours au chômage partiel en 2008, au plus fort de la crise. Face à ce choc conjoncturel d'une brutalité inouïe – par opposition à la récession larvée que l'on connaît aujourd'hui –, les Allemands n'ont pas voulu se défaire des compétences industrielles qu'ils avaient eu du mal à recruter en 2006 et 2007. Le chômage partiel, qui répartit la charge entre l'État, les salariés et les entreprises, leur a permis de disposer de la main-d'oeuvre nécessaire pour tirer profit du rebond de 2010-2011, après quoi il s'est très rapidement résorbé. Le nombre de travailleurs partiels en Allemagne est ainsi passé de 50 000 en 2008, avant la récession, à 1,4 million au printemps 2009, puis à 200 000 dans la période récente.
Monsieur Furst, si je n'ai pas parlé du taux de marge, c'est parce que la masse de marge me semble plus révélatrice. En effet, le taux de marge est rapporté non à la production mais à la valeur ajoutée : lorsque celle-ci diminue davantage en France qu'en Allemagne, même si le taux baisse, il ne rend pas compte du double effet négatif sur la répartition de la valeur ajoutée et sur la masse de valeur ajoutée dégagée.