Intervention de Olivier Falorni

Séance en hémicycle du 9 avril 2014 à 15h00
Exil des forces vives de france — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe UMP propose de créer une commission d’enquête sur l’exil des forces vives de France. La création d’une commission d’enquête par le Parlement est un droit constitutionnel. Ce droit ne saurait donc être pris à la légère, sous peine de dévaloriser le rôle des commissions d’enquête et, plus généralement, celui du travail parlementaire.

Le droit de tirage accordé à chaque groupe parlementaire une fois par session ordinaire, à l’exception de celle précédant le renouvellement de l’Assemblée, doit se faire avec discernement. L’article 137 de notre règlement précise que les propositions de résolution doivent « déterminer avec précision les faits qui donnent lieu à enquête ».

Or, cette proposition ne donne aucun fait. Elle repose sur des hypothèses, des suspicions. Aucun chiffre n’est donné. Vous me direz que c’est justement le but de cette commission d’enquête mais, pour cela, une mission d’information aurait été suffisante. Pourquoi donc une commission d’enquête ? L’esprit de polémique qui caractérise parfois l’opposition n’y est sans doute pas étranger, alors même que les parlementaires devraient être plus que jamais unis dans l’intérêt du pays.

Toutefois, la création d’une commission d’enquête est un droit. Si le groupe UMP préfère utiliser son droit de tirage sur un sujet qui aurait pu faire l’objet d’une simple mission d’information, c’est son choix. Le groupe RRDP ne s’y opposera pas.

Cependant, nous regrettons la formulation de cette proposition de résolution. Tout d’abord, celle-ci s’effectue à charge contre notre pays, comme en atteste, tout d’abord, son titre : « l’exil des forces vives ». L’exil est une obligation. II aurait été plus juste de parler d’expatriation. En effet, dans de nombreux cas, celle-ci se fait délibérément, dans un monde où les échanges étudiants se multiplient, où la mobilité internationale est perçue comme un atout professionnel, où les mariages binationaux s’accroissent. Bien souvent, l’expatriation ne se fait pas contre le pays de départ, mais pour le pays d’arrivée, pour une nouvelle expérience.

Si la proposition de résolution avait été objective, la commission d’enquête aurait également pour objectif de s’intéresser aux raisons qui amènent un nombre croissant d’étrangers à s’installer en France. Cela aurait permis de mettre en avant et de renforcer nos atouts. On aurait également pu distinguer les effets de la mondialisation des effets internes, ceux liés à la crise économique.

Enfin, l’approximation de la rédaction est assez fâcheuse. Par exemple, il est écrit que la commission d’enquête devra émettre des recommandations pour « rendre » à la France son attractivité et son dynamisme économique ; non pas « renforcer », mais « rendre ». Comme si la France, cinquième économie mondiale, avait perdu tout attrait économique !

Les mots ont un sens, et ce dénigrement constant de notre formidable pays est aujourd’hui ce qui lui est le plus dommageable. Comment donner aux Français l’envie d’entreprendre et d’investir en France lorsque des députés de la nation la rabaissent systématiquement ? Aucun sujet ne doit être tabou dans notre assemblée. Mais l’outrance ne l’honore pas, et cet esprit polémique lasse notre pays, notre jeunesse, nos forces vives.

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