Intervention de Lionel Tardy

Séance en hémicycle du 15 avril 2014 à 15h00
Interdiction de la mise en culture du maïs génétiquement modifié mon 810 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

Je partage certaines réticences exprimées. Néanmoins, je le répète, il faudrait d’abord organiser un véritable débat, au-delà des positions inconciliables des uns et des autres, car le débat ne doit pas se limiter à la question « pour ou contre les OGM ».

Il faudrait dans le même temps engager un travail d’influence au niveau européen, car c’est là que les choses se jouent. L’exposé des motifs préconise de régler la situation franco-française, pour qu’ensuite la France s’engage dans le débat au niveau européen. Le problème, c’est que l’Europe ne nous a pas attendus ! Je ne fais pas partie de ceux qui critiquent facilement l’Union européenne car, ici comme dans beaucoup d’autres domaines, nous avons certainement péché en nous repliant sur nous-mêmes sans nous préoccuper de ce qui se passe à Bruxelles. Comme d’habitude, nous avons subi les événements, alors que la meilleure façon de ne pas les subir est d’essayer de les influencer dans notre sens, à condition d’avoir des arguments solides et avec une portée générale.

Je crois savoir que Thierry Repentin avait, à son échelle, entamé ce travail, en essayant notamment d’obtenir la majorité qualifiée contre le projet d’autorisation, puis, à défaut, de convaincre la Commission européenne. Je ne doute pas que son successeur, Harlem Désir, aura à coeur de peser dans les négociations en amont, afin de nous éviter le plus possible ce genre de bricolage législatif qui conduit à tordre notre droit dans tous les sens pour contourner des décisions européennes.

Le manque de communication de la part du Gouvernement est une autre source d’inquiétude à mes yeux. Beaucoup de Français découvrent la position du Gouvernement à l’occasion de l’examen de ce texte ; cette position sort d’on ne sait où et ressemble plus à un bout de sparadrap pour régler un problème qu’à une vision globale des choses. C’est pourtant de cette vision sérieuse que la France aurait besoin.

La fragilité du dispositif que l’on nous demande de voter n’a rien de rassurant pour l’avenir car, comme je l’avais dit il y a cinq ans, c’est un leurre de croire que la France pourra, tel un village gaulois, résister seule aux envahisseurs OGM. Faute d’avoir su prendre les devants, nous sommes coincés entre la réalité, sur laquelle nous essayons d’influer, et la nécessité d’appliquer le principe de précaution. Alors qu’il aurait fallu un travail de longue haleine pour arriver à la meilleure solution, nous voici encore une fois les mains liées, et on nous demande de légiférer dans l’urgence. Adopter une position tranchée, à la limite, pourquoi pas ! Mais pas dans la précipitation et sans discernement ; or c’est malheureusement le cas ici.

J’ai toujours été très prudent sur les vertus supposées des OGM. Mais décréter que les OGM s’arrêteront à notre frontière est illusoire, démagogique et, en définitive, contre-productif pour l’avenir. Cette insécurité juridique et ce manque de vision ne sont ni acceptables ni tenables ; ils sont même carrément irresponsables.

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