Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'existence de la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation » est la traduction budgétaire de la reconnaissance et du soutien de la République envers ceux à qui elle a confié les armes de la Nation. Dans un contexte budgétaire contraint, deux évolutions attestent aujourd'hui de cette reconnaissance.
Sur le plan protocolaire, après une succession de secrétaires d'État chargés de cette mission, c'est désormais un ministère qui a été institué. Cette décision du Président de la République traduit sa volonté de rendre pérenne le soutien de la Nation. Mais l'effort ne s'est pas arrêté au protocole, et c'est le budget lui-même qui s'en fait l'écho. Le programme 167 sur les liens entre la Nation et son armée en est l'exemple, puisqu'il est en hausse de 1,2 % en crédits de paiement par rapport à la loi de finances initiale pour 2012.
Action souvent peu connue de la mission « Anciens combattants », le lien armée-Nation se matérialise en deux points essentiels : d'une part, l'hommage au passé, d'autre part, la préparation de l'avenir. S'attachant au passé, la politique mémorielle tisse un lien à travers l'histoire et les générations, pour que personne n'oublie les conséquences de la guerre, les principes qui nous y ont conduits, ainsi que le dévouement de ceux qui ont été amenés, par choix ou par nécessité, à prendre les armes. C'est pourquoi il faut saluer la hausse de 43 % des crédits de l'action 2, « Politique de mémoire », portée à 17 millions d'euros dans cette loi de finances initiale pour 2013.
L'augmentation forte des crédits se matérialise notamment dans la préparation de deux commémorations importantes en 2014 : le 70e anniversaire du débarquement, assuré par l'ONAC, et le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, assuré par un groupement d'intérêt public. La mise en place d'une mission interministérielle chargée de coordonner ces deux commémorations relève de la logique même. Le but n'est pas, bien sûr, de lisser l'histoire, le conseil scientifique présidé par Antoine Prost s'en portera garant, mais de mettre en place une synergie entre des structures ayant acquis une compétence reconnue en la matière. Cette mission devra également permettre d'accompagner les collectivités locales dans l'organisation des événements.
Pour que le lien entre la Nation et son armée perdure, la politique de mémoire doit aussi penser son adéquation avec la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Afin de ne pas mettre en péril la transmission de cette mémoire, la mission doit s'adapter, se moderniser. Cette modernisation prend pied tant sur le fond que sur la forme.
Sur le fond, il faut observer que le champ d'honneur a changé durant les dernières décennies. Il ne prend plus la forme de lignes de front bien identifiées, mais plutôt, désormais, d'embuscades, de raids, d'opérations de maintien de la paix en dehors du territoire national. Si la mission n'en est pas moins risquée et l'affrontement pas moins honorable, il importe de penser de nouvelles formes d'hommage pour de ne pas oublier ceux qui, par leur sang versé au Tchad, à Bouaké, en Afghanistan, à Beyrouth et ailleurs encore, ont affirmé la détermination de la France. Conformément aux recommandations du groupe de travail présidé par le général Thorette, le ministère doit poursuivre la réalisation d'un monument d'hommage national aux soldats ayant combattu en opérations extérieures.
Parallèlement, la modernisation passe aussi par la forme. Internet étant aujourd'hui la deuxième source d'information des Français, une action numérique en matière de mémoire devient indispensable. Avec « Les chemins de la mémoire » ou le projet de création d'un site Internet destiné aux anciens combattants d'OPEX, le ministère fait un grand pas en avant dans ses capacités de transmission de la mémoire aux plus jeunes générations.
La question de la modernisation et des jeunes générations se fixe aussi sur la deuxième grande fonction du lien armée-Nation : sa valeur éducative. La disparition progressive d'un public ayant vécu les conflits en question invite à modifier l'effort de mémoire en un sens plus pédagogique. La mise en place de la Journée défense et citoyenneté est un objet efficace, qui permet de sensibiliser l'ensemble d'une classe d'âge aux enjeux de défense et de sécurité, conformément au souhait exprimé par le Président de la République dans son discours du 11 mars dernier. Moment privilégié, parfois unique, de rencontre entre une jeunesse et son armée, cette journée ne doit cependant pas rester monochrome. Elle constitue l'occasion de pérenniser un certain nombre d'actions, notamment en matière de formation aux premiers secours et de sensibilisation sur des questions de santé publique. Le rapport de Mme Poznanski-Benhamou sur la mission « Anciens combattants » nous informe du projet de la direction du service national d'établir trois nouveaux partenariats en matière de sécurité routière et de dons d'organes et de sang. Cette action va dans la bonne direction et doit être approfondie : de nouvelles perspectives pour cette Journée défense et citoyenneté sont à définir, afin de la renforcer.
Forte de ces évolutions, la participation à la JDC présente une réelle plus-value. Aussi, il convient de réfléchir sur les moyens de réduire la forte disparité, mise en exergue par le même rapport, des taux de participations des jeunes selon qu'ils sont en France – où le taux de participation est de 97 % – ou à l'étranger.