Intervention de Jacques Myard

Réunion du 23 avril 2014 à 12h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur le ministre, il faut être courageux ou inconscient pour prendre le poste que vous occupez aujourd'hui. Je vous présente mes condoléances car à mon grand regret, je ne crois pas véritablement à votre succès, malheureusement pour le pays. Vous continuez à analyser la crise que nous subissons comme une crise budgétaire alors que c'est d'abord une crise des balances des paiements. Les 50 milliards d'euros que vous pensez pouvoir économiser ont déjà produit leurs effets de purge dans d'autres pays : les Grecs ont vu leurs revenus baisser de 40 % et leur PIB diminuer de 25 % ; les Espagnols ont quant à eux vu leurs revenus baisser de 25 % ; et la situation a été presque identique en Italie. Le système macroéconomique dans lequel vous vous trouvez est donc en train de nous étrangler. Si l'on persiste à ne pas aider les collectivités territoriales et qu'on les oblige à augmenter les impôts locaux, on ne réglera nullement nos problèmes de dette. Et s'il convient effectivement d'effectuer des réformes internes, il faut d'abord pour cela maintenir en France le capital des Français pour qu'il s'y investisse. La France est en effet leader mondial en exportation de capitaux, devant les États-Unis. Nous exportons davantage de capitaux que nous ne recevons d'investissements étrangers.

En simplifiant le millefeuille territorial comme vous nous le promettez, vous allez créer de nouveaux ducs de province comme au Moyen Âge, ce qui est politiquement très dangereux. Par ailleurs, nos retraites n'ont pas véritablement été réformées. Et vous, vous nous dites maintenant que l'euro est trop fort, mais M. Christian Noyer reconnaissait lui-même la difficulté de le faire baisser dans un entretien publié dans un journal du matin. En effet, si vous faites baisser l'euro, l'Allemagne deviendra immédiatement encore plus compétitive si bien qu'elle exportera davantage, ce qui fera remonter la valeur de l'euro. C'est la quadrature du cercle !

Ne confondons pas causes et conséquences : tant que nous ne mènerons aucune réforme structurelle interne forte, nous irons dans le mur. Ce n'est pas avec 50 milliards d'euros de dévaluation interne – soit moins de 2,5 % du PIB – que nous nous en sortirons alors que nous devrions dévaluer de 25 % !

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