On m'avait dit que l'hémicycle est toujours bien rempli pour les débats portant sur le budget des anciens combattants. Je constate que c'est le cas aujourd'hui, aussi bien sur les bancs des parlementaires qu'en tribune.
Je ne répondrai pas ici à l'ensemble de vos questions, préférant le faire de façon beaucoup plus précise tout à l'heure lors du débat, dans lequel j'arrive avec une volonté d'apaisement et en fuyant toute caricature. J'ai eu la chance de participer aux débats de votre commission de la défense qui se sont globalement bien passés. Chacun a eu l'occasion de poser des questions et d'obtenir des réponses avec un respect mutuel honorant les fonctions des uns et des autres. Je m'inscris dans la logique qui a toujours été la mienne selon laquelle un débat public ne doit pas devenir une scène de théâtre où se faire plaisir.
Votre présence ici illustre la mobilisation nationale en faveur des anciens combattants, de ces hommes et ces femmes, héros maintes fois décorés, héros anonymes, simples soldats, qui ont fait l'histoire de notre pays et de notre continent et grâce auxquels l'Europe où nous vivons est aujourd'hui le plus grand espace au monde de paix et de liberté partagée. Dans chaque maison, dans chaque famille de France subsiste la mémoire du récit d'un parent ou d'un proche qui parle de ce qu'étaient la France, la guerre et la peur, mais aussi de la fierté de se battre pour des valeurs, pour un drapeau auquel on fait honneur et pour une nation dont on veut qu'elle perdure parce qu'elle fait notre force collective et individuelle. Chaque foyer de notre pays est imprégné de ces histoires qui, au fil du temps, structurent notre identité commune.
Vous êtes, et moi avec vous, l'expression de cette identité commune et de la volonté partagée de la faire perdurer au-delà du temps qui passe et qui malheureusement fait son oeuvre. C'est pourquoi je souhaite que ce ministère, parfois méconnu, ne soit pas tourné vers le passé ni considéré uniquement comme un outil de gestion des pensions d'anciens combattants. La mission qui est la mienne et que j'ai l'honneur de conduire se veut résolument ancrée dans le présent et tournée vers l'avenir.
Chaque fois que je remets une médaille, je félicite non seulement l'homme mais aussi son engagement pour la France, au-delà de toute temporalité. En effet, ceux qui ont su porter le plus loin les valeurs de la France sont un exemple pour la jeunesse d'aujourd'hui. Chaque fois que j'améliore les mesures de reconnaissance et de réparation à l'égard des anciens combattants, ce n'est pas seulement pour réparer les blessures de la guerre, mais pour assurer des conditions de vie dignes et une vraie place dans la société à ceux qui symbolisent avec autant de force l'engagement citoyen pour notre pays et pour sa liberté. Chaque fois que je remets un prix, par exemple aux lauréats du concours national de la Résistance, ce n'est pas une maîtrise historique que je récompense mais la capacité à alimenter les débats contemporains par une réflexion renouvelée sur notre histoire commune.
Le constat est simple. Il y a une véritable ambition à construire pour ce ministère. C'est la volonté affichée d'emblée par le Président de la République, qui a souhaité me nommer comme ministre délégué. Je crois que cela répond à une attente légitime, portée par l'ensemble des acteurs du monde ancien combattant, de disposer d'un interlocuteur dédié. Je rappelle en effet que ce ministère avait été supprimé pendant quelques mois…