Intervention de Kader Arif

Séance en hémicycle du 5 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Kader Arif, ministre délégué chargé des anciens combattants :

et qu'il n'y avait même plus ni secrétaire d'État ni ministre dédié aux anciens combattants dans ce pays. On a rouvert ce ministère quelques mois avant l'élection présidentielle de 2012 en croyant répondre aux attentes d'une clientèle !

Cette politique que j'ai à construire, cette mission que j'ai l'honneur de conduire, doit répondre selon moi à trois objectifs. Le budget que je vous présente aujourd'hui en est, me semble-t-il, la traduction.

La première de ces priorités, c'est l'exigence de justice sociale. Conformément aux engagements pris par le Président de la République et par le Premier ministre, c'est cette motivation qui guide avant tout l'action du Gouvernement. Dans le cadre de la mission dont j'ai la responsabilité, je considère que les anciens combattants et leur famille méritent la reconnaissance de la nation, mais aussi un accompagnement et des réparations qui soient à la hauteur de leur engagement. Le projet de budget pour 2013 réalise donc, quoi qu'on en dise, un effort substantiel pour atteindre cet objectif, malgré les contraintes budgétaires actuelles rappelées tout à l'heure.

Mais ma mission ne se limite pas à cette dimension-là, même si elle est essentielle. C'est pourquoi ma seconde priorité est de mettre en oeuvre une politique de mémoire dynamique, qui suscite une réflexion sur le passé pour mieux comprendre le présent et préparer l'avenir. Le rappel des conflits passés doit nous faire prendre conscience que la paix, telle que nous la connaissons sur notre continent, n'est que très récente et peut-être pas éternelle. Avec le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, au sein de la commission du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, nous menons une réflexion commune afin d'engager le débat national sur le futur modèle d'armée de notre pays. Nous ne pouvons pas prédire l'avenir, mais nous pouvons nous appuyer sur les expériences passées. La politique mémorielle que j'ai engagée n'a pas pour vocation la repentance ou l'enfermement dans des débats stériles, mais le rassemblement de la communauté nationale. Parce que nous avons su, ensemble, affronter les conflits passés, nous devons également être unis dans le présent pour faire face aux défis qui nous attendent.

Cela m'amène à ma troisième priorité, qui est le renforcement du lien armée-Nation. Dans un monde en profond bouleversement, frappé par la crise et où tout va trop vite, il est nécessaire, pour ne pas dire indispensable, de prendre le temps et les mesures nécessaires pour refonder le lien social. Je pense en particulier aux jeunes, citoyens de demain aujourd'hui en perte de repères. Ils oublient parfois que leurs parents ou grands-parents se sont battus pour un idéal et que dans les temps les plus difficiles, ils se sont raccrochés au drapeau français comme on s'accroche à la vie.

N'y a-t-il pas là un sentiment que l'on devrait rappeler, raviver et faire émerger de la conscience collective pour retisser des liens trop souvent fragilisés par le mode de vie individualiste dans lequel nous évoluons ? Je sais que vous êtes sensibles à ces questions. C'est pourquoi je veux travailler, avec l'ensemble de la jeunesse et en particulier avec les jeunes issus des quartiers dits difficiles, sur les questions de place dans la société, de citoyenneté et d'attachement aux valeurs de la République.

Soutien au monde combattant, politique mémorielle ambitieuse, renforcement du lien armée-Nation : voilà le triptyque qui guidera mon action et que traduit le projet de budget que j'ai l'honneur de vous soumettre pour l'année 2013.

Permettez-moi maintenant d'évoquer en détail chacun des volets de cette action.

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